Retraites : on peut faire autrement !
dans l’hebdo N° 1088 Acheter ce numéro
Ouvrir un débat sur la pérennisation du régime de retraite par répartition s’avère urgent, tant il semble évident que l’Élysée et le gouvernement voudraient l’escamoter. Nicolas Sarkozy a lui-même avoué que sa réforme pourrait être adoptée pendant l’été. C’est donc au pas de charge que le gouvernement s’apprête à boucler un chantier majeur du quinquennat, avec l’obsession de faire sauter le verrou de l’âge de départ à 60 ans.
De son côté, le Parlement a commandé au Conseil d’orientation des retraites (COR) des hypothèses de réforme du régime actuel par répartition en passant à un système par points ou de « comptes notionnels », une vieille idée ressassée par le patronat, qui va de pair avec le développement de systèmes par capitalisation, comme l’a confirmé récemment Laurence Parisot, présidente du Medef.
« Toutes les solutions sont ouvertes. La seule que je ferme tout de suite, c’est la baisse du niveau des pensions. Les retraites sont déjà trop faibles », martèle pourtant le chef de l’État. Mais, pour être cohérent, Nicolas Sarkozy devrait aussi refuser toute augmentation de la durée de cotisation et tout report de l’âge de départ à la retraite, car ces deux leviers remettraient justement en cause le niveau des pensions et l’existence de l’actuel régime…
Cela ne veut pas dire qu’une réforme n’est pas nécessaire, car mettre en avant la solidarité entre générations pour défendre notre système par répartition ne suffit pas. La solidarité est mise à mal quand la pénibilité pénalise lourdement certains salariés et que les inégalités de salaire plombent les retraites des femmes. Une réforme digne de ce nom s’intéresserait aussi au niveau des ressources pour le financement des retraites, comme le souligne le COR dans son dernier rapport. Seulement voilà, Nicolas Sarkozy et le gouvernement ont exclu du débat public une mise à plat du financement du système, qui aiderait pourtant à résoudre le problème des retraites.