Les reculs de Sarkozy commencent à bien faire
La tirade anti-environnement du Président au salon de l’Agriculture va dans le sens des exigences de la FNSEA concernant l’utilisation de pesticides. En contradiction totale avec la loi Grenelle 1.
dans l’hebdo N° 1095 Acheter ce numéro
«Toutes ces questions d’environnement, ça commence à bien faire. » Que prépare la déjà célèbre sentence lâchée par Nicolas Sarkozy le 6 mars au Salon de l’agriculture, en soutien à la profession ? La FNSEA, syndicat majoritaire et proche de l’UMP, l’éclaire aussitôt : « Certaines molécules phytosanitaires sont interdites en France avant les autres pays d’Europe, ce n’est pas acceptable » , selon Pascal Ferey, vice-président de cette organisation, en charge de l’environnement. Voilà donc le principal frein à faire sauter pour restaurer la productivité des agriculteurs. Il n’y aurait pas d’alternative aux pesticides, prétend la FNSEA.
Selon la loi Grenelle 1, il faudrait pourtant diviser l’utilisation de ces produits par deux d’ici à 2018. Des chercheurs de l’Inra, chargés d’explorer les moyens d’y parvenir, ont livré une étude [^2] montrant que l’on peut réduire la fréquence des traitements pesticides jusqu’à 60 % sans perte de rentabilité pour la plupart des grandes cultures ! « Le revenu des agriculteurs n’est donc pas menacé, il peut même s’améliorer, comme le montrent certaines expériences agricoles », souligne François Veillerette, président de l’association MDRGF, qui dénonce les dangers des pesticides. « Le vrai problème, c’est que la réduction drastique des pesticides remettrait profondément en cause les modes de production ainsi que les profits des firmes phytosanitaires. »
C’est le sens du torpillage récent par le Sénat d’un amendement de la loi Grenelle 2 interdisant la publicité pour les pesticides de jardinage amateur. « Sur 135 molécules autorisées, nous avons déterminé que 97 sont toxiques ou nocives pour la santé » , rapporte Christine Viron, une des dirigeantes de Botanic. Début 2008, cette chaîne de jardinage, la seule à ce jour, a banni tous les phytosanitaires de ses 63 magasins.