Les risques d’une recentralisation
dans l’hebdo N° 1094 Acheter ce numéro
C’est finalement le débat le plus absent de la campagne des régionales : faut-il poursuivre et accentuer la décentralisation ou, au contraire, recentraliser un pays de tradition déjà lourdement jacobine ? En politique, les choses s’énoncent rarement en des termes aussi simples. Certains ont leur doctrine, d’autres, il est vrai, n’en ont aucune, et, de toute façon, les tactiques électorales emportent bien souvent les débats vers des considérations à très courte vue. C’est ce qu’on appelle le pragmatisme. Ainsi, nous savons déjà que le mandat des conseillers généraux qui seront élus ce dimanche sera écourté. Un écran de fumée idéologique motive cet aspect de la prochaine « réforme des collectivités territoriales » (Voir « la contre-révolution Sarkozy », Politis n° 1077). On nous dit qu’il est urgent de simplifier le « millefeuille » administratif et d’aller, pour cela, dès 2014, à l’élection d’un corps nouveau : les conseillers territoriaux. Mais la droite aurait-elle eu cette idée si la majorité des présidents de région avaient appartenu à son camp ? On a plus que des doutes quand on observe que les futurs conseillers seraient élus pour 80 % d’entre eux au scrutin majoritaire uninominal à un tour. Le tout, après un redécoupage des cantons… Or, ce mode de scrutin favorise le parti unique (ou fourre-tout), comme l’UMP…
De plus, cette réforme du mode de scrutin s’accompagnerait d’une suppression de la « clause de compétence générale » ; ce qui réduirait les pouvoirs de la région, et renforcerait celui des préfets, bras armés de l’État. Tous les partis de gauche s’opposent à ce projet, sauf quelques caciques du PS. Quant à nous, nous avons voulu retracer l’histoire chaotique de la décentralisation, avant de donner la parole à François Delapierre (Parti de gauche) et à Patrick Farbiaz (Verts), aux traditions sur ce sujet fort différentes. Nous verrons aussi quelques exemples à l’étranger d’une décentralisation profondément inscrite dans la vie politique.