L’impasse
Arrivé en tête des législatives, le Premier ministre sortant aura du mal à former un gouvernement.
dans l’hebdo N° 1093 Acheter ce numéro
À la veille des élections législatives en Irak, on attendait les réponses à trois questions : quel taux de participation ? Quelle réaction des opposants au scrutin ? On s’interrogeait aussi sur la capacité du Premier ministre sortant, Nouri al-Maliki, à dépasser les clivages communautaires. La première réponse est plutôt satisfaisante, sans être enthousiasmante. 62,4 % des électeurs se sont déplacés dimanche. Ils étaient 76 % en 2005. La deuxième a, hélas, la sécheresse d’un bilan ordinaire : les violences, généralement attribuées à Al-Qaïda, ont fait 38 morts dans la seule journée de dimanche. Dans tout autre pays, ce chiffre sèmerait l’effroi. En Irak, la banalisation de cette violence est telle qu’il peut être considéré comme un échec pour ceux qui voulaient empêcher la réalisation du scrutin. C’est donc la réponse à la troisième question qui est la plus complexe. Nouri al-Maliki, selon des résultats provisoires obtenus par l’AFP à Bagdad, arriverait nettement en tête, obtenant environ un tiers des 325 sièges à pourvoir.
Mais c’est quasi exclusivement en zones chiites que M. Maliki aurait recueilli ses suffrages (119 sièges sont à pourvoir dans les provinces chiites, et 70 dans les zones sunnites). Le Bloc irakien de l’ex-Premier ministre, Iyad Allawi, aurait, lui, remporté les quatre provinces majoritairement sunnites. Le problème pour M. Maliki résulte de sa rupture avec l’Alliance nationale irakienne, regroupant le Conseil supérieur islamique d’Irak et les partisans du chef radical Moqtada Sadr.
Ces deux mouvements, qui dominaient le pays chiite, auraient réalisé des scores assez faibles. Les possibilités d’alliances de nature à donner au Premier ministre sortant une majorité seraient donc faibles. Pas d’alliés suffisamment représentatifs parmi les mouvements chiites, et un échec dans sa tentative de surmonter le clivage chiites-sunnites. Au contraire, les sunnites lui reprochent d’avoir récemment relancé une politique de « débaassification » (élimination politique des cadres de l’ancien parti Baas de Saddam Hussein). Les résultats définitifs seront communiqués le 18 mars. En attendant, d’intenses tractations vont s’engager. Mais, en Irak, la question démocratique ne sera résolue que lorsqu’un candidat ou un mouvement pourra, en partie au moins, surmonter les antagonismes communautaires.