Un drôle de gars

« Bernard, ni Dieu
ni chaussettes »,
un documentaire
attachant.

Christophe Kantcheff  • 18 mars 2010 abonné·es

Quel drôle de titre, Bernard, ni Dieu ni chaussettes ! Pour le Dieu, on voit bien, d’autant que sur l’affiche le « a » de Bernard est écrit avec le sigle anarchiste. Mais les chaussettes ? L’énigme est rapidement ­dévoilée au début du film. Dans sa cuisine, Bernard Gainier – c’est son nom – explique qu’il ne supporte pas les chaussettes, tout en entourant ses pieds de pièces de tissu rustiques. « Là-dedans, je me sens très bien, dit-il. On appelle ça des ­pénufes en patois, ou des chaussettes russes. » « Pourquoi russes ? », ­ demande le réalisateur, Pascal Boucher. « Peut-être parce qu’à la guerre de 14, répond Bernard, l es soldats russes étaient tellement mal équipés qu’ils n’avaient que ça à se mettre aux pieds. »

Tout est déjà dans cette séquence. B ernard, ni Dieu ni chaussettes dresse le portrait d’un personnage hors du commun. D’une culture mi-paysanne mi-ouvrière et très singulière, Bernard jette sur la vie un regard fait de désillusion, plein d’humour et de fraternité, avec la volonté de transmettre, dans les écoles ou sur des scènes de spectacle, l’amour qu’il porte au patois berrichon et à son poète, Gaston Couté.

Pascal Boucher le montre faisant vibrer la beauté de cette langue, mais aussi soignant ses vignes, les dernières dans la région de Meung-sur-Loire (Loiret), ou partageant dans sa cave, rebaptisée le « bureau » , son vin avec ses amis musiciens. Bernard, ni Dieu ni chaussettes est un film très attachant, qui parvient sans pittoresque à entrer dans l’humanité d’un homme dont la sagesse est de ne pas en avoir.

Culture
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