Courrier des lecteurs 1099
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Aujourd’hui, Sarkozy se rend dans le cabinet d’un médecin généraliste. Hier, il visitait une agence de Pôle emploi. Bien sûr, ses ministres et sous-ministres l’imitent. Tous sont toujours en déplacement, ici ou là, pour tout et n’importe quoi. Quand donc ces personnages travaillent-ils réellement leurs dossiers ?
Jacques Piraud, Sartrouville
À la suite de l’entretien avec Jorge Semprun, paru dans le n° 1097 de Politis, nous avons reçu une lettre de François Maspero, que nous publions ici.
J’ai eu et je garde pour Jorge Semprun, dont j’admire l’œuvre, une forme d’affection fraternelle. Cela rend d’autant plus difficile d’exprimer ce qui va suivre.
Dans l’entretien que vous avez publié, Jorge Semprun parle des « réunions dominicales où se réunissait au bloc 56 un petit groupe d’intellectuels autour du châlit où agonisaient Maurice Halbwachs […] et Henri Maspero […], grand sinologue du Musée de l’homme ».
Outre ce détail, à vrai dire insignifiant, que mon père, Henri Maspero, était professeur au Collège de France, institution qui n’a rien à voir avec le Musée de l’homme, je veux rappeler, une fois de plus, que la mémoire – si tant est qu’il s’agit de mémoire et non d’une extrapolation littéraire – de Jorge Semprun le trahit.
L’évocation de cette scène revient dans au moins quatre de ses livres. Elle se situe toujours dans le bloc 56 du Petit Camp. Au côté d’Halbwachs, tantôt mon père « agonise » , tantôt il « croupit » , tantôt il « meurt lentement ». Une fois, cela se passe au printemps de 1944 (mon père a été arrêté en juillet 1944), d’autres « au cœur de l’hiver » , « en décembre 1944 » ou « au printemps finissant » (le camp a été libéré au début du printemps 1945).
Je détiens la minuscule liasse dont mon père avait réussi à faire un agenda. Pas un jour ne manque. Au Petit Camp, il a été, après un passage sous les tentes, aux seuls blocs 61 et 43. Il a noté scrupuleusement au crayon les détails essentiels, et particulièrement ses voisins de châlit. Halbwachs n’y figure pas, sauf une fois, pour sa participation, au bloc 61, à une des conférences que mon père a tenté d’organiser. Le 23 novembre 1944, Henri Maspero est classé par un médecin SS comme apte au travail et passe au Grand Camp. En décembre, non seulement il n’« agonise » pas, mais il y travaille au Strumpfstopferei (dépeçage des chiffons). Le 19 janvier 1945, il peut écrire dans un long et beau texte sur le cahier d’un rescapé : « Bientôt le réveil viendra, le bagne ouvrira ses portes. » À la même date, il obtient le poste de Dolmetscher, interprète auxiliaire. Il continue à travailler jusqu’au 3 mars 1945, date à laquelle il entre au Revier (infirmerie du Grand Camp), salle 9, où il note encore, le 5 : « De plus en plus satisfait d’être ici. » L’agenda devient muet le 12 mars. La mort d’Henri Maspero est située vers le 15 mars, donc avant le printemps dont il avait inscrit d’avance la date en majuscules.
S’il a connu les terribles souffrances qui, comme d’autres enfants de déportés, n’ont cessé toute ma vie de me hanter, son « agonie » n’est donc pas celle décrite par Jorge Semprun : ni le temps, ni le lieu, ni les personnages ne correspondent. Pourtant, alors que mon père est mort au Revier du Grand Camp, Jorge Semprun, dans l’Écriture ou la vie, se fait même témoin oculaire de cette mort (étant entendu qu’il s’agit toujours d’une licence littéraire), en évoquant « le block 56 [du Petit Camp] où j’avais vu mourir Halbwachs et Maspero ».
Tout cela, je l’ai écrit, Jorge Semprun l’a lu.
Je suis trop impliqué pour prendre parti dans le débat sur le rapport entre littérature et réalité des camps. Je veux seulement dire ce qu’a d’insoutenable cette réapparition livre après livre, sous cette forme d’un témoignage direct (et non d’un « matériau littéraire »), de la mort hautement et uniquement littéraire de mon père.
François Maspero, Paris
À la suite de mon courrier dans le n° 1091, Françoise Tlemsamani, de La Rochelle, m’envoie une volée de bois vert dans le n° 1094. Elle a raison, je suis impardonnable. À l’origine, j’en voulais au PCF et au NPA de ne pas se mettre d’accord.
N’étant pas dans le secret des états-majors, je n’ai appris que la veille du premier tour le forcing d’un dirigeant du PC, vice-président sortant du conseil régional, pour faire échouer l’accord entre les deux listes, sur le point d’aboutir, m’a-t-on dit. Donc je renouvelle mes excuses aux militants Alternatifs, Fase, NPA qui ont pu être choqués par mes propos.
Marc Coirier, Poitiers
Je suis abonné à Politis , c’est un hebdo que j’apprécie beaucoup, je soutiens même l’association Pour Politis. Mais j’ai été très vexé par l’article de Pierre Thiesset dans le n° 1096 de Politis, intitulé « Les amis du charbon font grise mine ».
En effet, les Verts sont présentés comme le seul parti à s’opposer à la mine de charbon. Je tiens à informer Politis que le comité départemental Nièvre du Parti de gauche a clairement pris position contre la mine de charbon du sud Nivernais ! […]
Lionel Cartayrade, secrétaire départemental Nièvre du PG
Concernant la tempête Xynthia et ses conséquences dues à un concours de circonstances exceptionnelles, les déclarations de notre président ont amené à des décisions iniques prises avec célérité sans réflexion ni concertation.
Les préfets, d’habitude si lents à répondre à des problèmes réels (par exemple, l’écrevisse de Louisiane, la grenouille-taureau, le frelon asiatique, les algues vertes…), se sont empressés, avec leurs « experts », de complaire à leur suzerain. Comment ont-ils pu prendre en compte tous les éléments, y compris les impacts économiques, en un laps de temps aussi court ? […]
On délègue de plus en plus de pouvoirs aux préfets, et ce corps au passé chargé ne va redorer son blason avec cette affaire. D’ailleurs, est-il vraiment digne d’une démocratie ? […]
Jean-Claude Joncour
Solutions locales pour un désordre global de Coline Serreau est un film généreux, humaniste, tout en cœur et en couleurs, qui donne du sens à l’engagement pour un autre monde, qui donne envie d’agir…
Oui, un autre modèle agricole est possible ! Oui, un autre mode de vie est possible ! Non, un milliard d’affamés, ce n’est pas une fatalité ! Nous ne voulons pas voir, nous ne voulons pas faire, on préfère en causer, gloser, critiquer, clabauder, jaser…
Et puis cette image de la terre nourricière violée par le productivisme et le capitalisme mondial, c’est une bien jolie trouvaille pour comprendre beaucoup de mécanismes mortifères ! […]
Sylvie Fusil
Il n’est pas de sauveur suprême, ni Dieu, ni César, ni Mélenchon… On peut critiquer tout le monde, même les amis, surtout quand on est journaliste.
Mais je suis déçu par l’écho publié dans le n° 1097 de Politis sur le « pétage de plombs » du leader du PG, qui fait un peu trop chorus avec la « corporation ». Je recommande l’excellente analyse de l’Acrimed sur cette mini-affaire très révélatrice des procédés d’une bonne partie des médias, et qui rappelle les circonstances exactes de la crise de nerfs de Mélenchon contre un « étudiant en journalisme » dont les procédés ne sont pas non plus au-dessus de toute critique.
Bernard Allain, Marseille