Courrier des lecteurs 1100
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Des foyers fiscaux ont déclaré un patrimoine de plus de 16 millions d’euros et un revenu inférieur au RSA. Ils ont reçu, grâce au bouclier fiscal, en moyenne, 162 109 euros. Le gouvernement ne pourrait-il étendre cette générosité sociale aux 1,8 million de foyers dont le revenu est inférieur au RSA et qui n’ont aucun patrimoine ?
Paul Oriol, Versailles
L’éruption du volcan islandais nous a appris que l’espace aérien n’offre pas de garanties totales.
Pour ma part, parti en avion, j’ai dû rentrer de Varsovie par le train. Mais il n’existe aucune liaison avec la France. À Berlin, même topo.
J’ai été obligé de prendre de multiples correspondances jusqu’à Bruxelles ; et, enfin, le Thalys pour Paris. Ouf !
Vingt-quatre heures de gare en gare avec des automates, aucun service humain. Ni de service d’accueil.
Varsovie-Berlin-Paris : on ne connaît pas. Et on nous a dit que l’Europe devait faciliter les relations et les communications entre les Européens !
La leçon que j’en tire, c’est que des trains de grande distance, au moins entre les grandes villes et les capitales d’Europe, devraient vite être en service.
Il en va de même pour le courrier postal, qui devant lui aussi utiliser le transport aérien, est resté en souffrance !
Et les économies de personnel ont des conséquences dont on ne perçoit pas toutes les incidences.
Albert Apelbaum, Gagny (93)
Avenant ou réforme ?
Peut-on vraiment parler de réforme dans la présentation qui nous est faite par le gouvernement de la « réforme des retraites » ? La modification de trois paramètres peut-elle constituer une réforme ? Tout au plus, on pourrait parler d’« avenant » à un contrat. Que propose-t-on ? De modifier la durée, le montant ou l’échéance ? C’est exactement comme si votre assureur vous proposait de modifier votre contrat d’assurance-vie en vous laissant le choix entre : le montant assuré, la prime et la date à laquelle il vous versera le capital. Alors cessons de parler de réforme quand il s’agit d’un simple ajustement comptable.
Une réforme devrait réaffirmer les principes, c’est-à-dire l’objet des retraites. Le terme « pension » ne conviendrait-il pas mieux que « retraite », qui évoque l’idée de quitter, de départ ?
Partant de là, il faudrait envisager les moyens consentis par la nation pour tendre vers ces buts. Quel montant de la richesse nationale va-t-on consacrer à la solidarité avec les seniors ? Si on réduit le débat à la cotisation, on se place dans le cadre d’une assurance, et la solidarité n’a plus sa place.
Quelle place pour les plus âgés dans la société ? Veut-on seulement les considérer comme une charge qu’il convient de réduire au maximum, ou en faire des acteurs à part entière de la communauté ?
N’ont-ils plus rien à donner, ou au contraire peuvent-ils apporter en échange de leur pension leur concours et leur expérience au profit de tous ? Doit-on les reléguer dans des ghettos, en faire des handicapés, ou les intégrer pleinement à la vie de la cité ?
Si on devait parler de réforme, c’est toutes ces questions qu’il faudrait aborder, et non se limiter à un aspect comptable. Mais la droite est bien incapable de cette réflexion, elle qui ne connaît que la gestion financière.
Alain Brunel, Bégard (22)
Perdre sa vie à la gagner ?
Travailler le dimanche, travailler plus d’années pour financer les retraites, travailler plus pour gagner plus.
Travailler plus… Essaie-t-on seulement de comprendre ce que cela peut vouloir dire, au-delà du stress, de la fatigue, de l’usure de nos corps et de nos têtes, ce dont ce « toujours plus » est responsable ?
Travailler plus, c’est consommer plus d’énergie, de matières premières, plus de ressources diverses, rejeter plus de déchets et de pollutions. Un mode de vie insoutenable. Tout le monde sait aujourd’hui que le mode de vie d’un français moyen « consomme » l’équivalent de trois planètes. Or, nous n’en avons qu’une !
Ce que nous prélevons en trop, nous le faisons au détriment des pays du Sud, au détriment de nos enfants et de nos petits-enfants,
en mettant sérieusement en danger l’existence même de conditions de vie civilisées sur terre.
Nous ne pouvons pas continuer comme ça. Nous n’en avons tout simplement pas le droit.
Pour s’attaquer à la pauvreté, au chômage, au problème des retraites (proportionnellement moins d’actifs pour financer les revenus de plus de retraités), il faut s’appuyer sur d’autres logiques que celle du « travailler plus », écologiquement criminel, socialement inefficace et moralement inacceptable.
Nous devons recentrer le débat politique, orienter les mobilisations sociales et syndicales autour du « répartir plus et produire autrement ».
Produire autrement, c’est mettre fin aux productions inutiles, écologiquement nuisibles. C’est privilégier le collectif par rapport à l’individuel (transports, logement, loisirs, équipements divers) et en finir avec l’obsolescence programmée des produits (devant être rapidement jetés, remplacés, ne pouvant pas être réparés etc.). C’est également regagner du terrain sur la marchandisation chaque jour croissante de nos vies et de nos sociétés, avec comme première des batailles le refus du travail le dimanche.
Répartir plus, en réduisant et partageant le travail pour en finir avec le chômage, facteur d’exclusion sociale. Pour que les réductions de productions inutiles et nuisibles soient possibles sans aggravation de ce chômage.
Répartir plus les richesses produites, par exemple, pour résoudre le problème des retraites : pour maintenir le taux en cours de retraite avec un PIB qui n’augmenterait plus d’ici à 2050, il faut prélever autour de 4 points de PIB. Ce chiffre est à comparer avec l’explosion des dividendes des actionnaires du capital financier, qui sont passés de 3,2 % du PIB en 1982 à 8,5 % en 2007. Où est donc ce terrible problème des retraites dont on nous rebat les oreilles ? Dans un choix politique, qui se résume à la question suivante : appauvrit-on les retraités ou les actionnaires de la Bourse ?
Un cortège festif et combatif s’organise le 1er mai à Bayonne. Nous devons remplacer le « travailler plus pour gagner plus » par le « répartir plus et produire autrement ». Cela nécessite à la fois un combat sur le terrain des idées, du débat, et des luttes s’inscrivant concrètement dans cette logique d’urgence à la fois écologique et sociale. C’est le cas aujourd’hui du combat contre l’ouverture des grandes surfaces le dimanche ou de la lutte des cheminots contre le démantèlement du fret ferroviaire.
Il faut plus que jamais encourager cette voie-là du combat syndical et social, et faire reculer le gouvernement et le Medef dans leur offensive criminelle contre nos vies et notre société. Nous avons nos vies à gagner, et le monde de nos enfants à préserver. Ce combat est essentiel : soyons nombreux et nombreuses à animer le cortège festif et combatif organisé par notre mouvement, Bizi !, pour défendre ce « répartir plus et produire autrement » au sein du mouvement social et syndical local.
Xabi Betelu, ouvrier ; Bart Camedes-Casse, intérimaire ; Xalbat Daguerressar, ouvrier ; Fabienne Deyris, médecin ; Mendi Esteban, étudiante ; Marie-Pierre Lamarque, employée ; Magali Lartigue, employée ; Marie Larzabal, chômeuse ; Éric Lecoutre, employé ; Adrien Pinsolle, chômeur ; Jean-Louis Piquet, retraité ; Patxi Quéheille, professeur des écoles ; militant(e)s de Bizi !