Il y a cinquante ans, le PSU…
Les anciens du Parti socialiste unifié tiennent colloque ce week-end pour fêter le cinquantième anniversaire de la naissance de ce mouvement. Leur mot d’ordre : « Le réalisme, c’est toujours l’utopie. »
dans l’hebdo N° 1097 Acheter ce numéro
L’ancien président de la Ligue des droits de l’homme Henri Leclerc, le politologue Roland Cayrol, l’ex-président de l’Association France-Palestine Bernard Ravenel, l’ancien vice-président de l’Unef (en mai 1968) Jacques Sauvageot, le syndicaliste Charles Piaget, l’économiste Patrick Viveret, Gus Massiah, grande figure de l’altermondialisme, et d’autres se retrouveront ce week-end pour un étrange anniversaire : celui d’une organisation qui n’existe plus depuis déjà vingt ans. Il y aura aussi Michel Rocard, Serge Depaquit, Michel Mousel, Françoise Gaspard, Denis Clerc ( Alternatives économiques ), Emmanuel Terray, Gilles Lemaire, ex-secrétaire national des Verts, Monique Crinon. Tous ont en commun d’avoir été militants et animateurs de feu le PSU. Ils auront à cœur d’éviter le ton commémoratif. Ils devraient y parvenir d’autant mieux que l’héritage idéologique de cette comète dans le paysage politique français essaime dans plusieurs composantes de la gauche actuelle. Politis suivra d’ailleurs avec une sympathie particulière ces retrouvailles : Bernard Langlois n’a-t-il pas été lui-même rédacteur en chef de Tribune socialiste , le journal du PSU, de 1972 à 1974 ?
Le Parti socialiste unifié reste un mouvement original dans l’histoire politique. Tantôt cible de moqueries pour son indécision et une conception paralysante de la démocratie, tantôt objet de culte pour la fécondité de ses idées et sa modernité au cœur d’une gauche fossilisée par une SFIO agonisante et un parti communiste incapable de se déstaliniser, le PSU (dites le « psu ») a toujours été marqué par son origine composite. C’est le 3 avril 1960 qu’il naît de la fusion du Parti socialiste autonome (PSA), lui-même issu d’une dissidence de la SFIO, de l’Union de la gauche socialiste (UGS), où l’on retrouve les ex-trotskistes Yvan Craipeau et Pierre Naville, et d’un groupe de dissidents communistes réunis autour du journal Tribune du communisme, dirigé par Jean Poperen. Il y a là des marxistes et toutes sortes de réformistes cimentés par les trois « anti » : l’antigaullisme, l’antistalinisme, et l’anticolonialisme. Cette dernière opposition étant à l’origine de la rupture de plusieurs socialistes avec une SFIO encore engluée dans la guerre d’Algérie.
Longtemps en retrait et contesté, Pierre Mendès-France devient une figure centrale du jeune parti à partir de 1963. Mais le PSU renonce à présenter un candidat à l’élection présidentielle de 1965 – la première au suffrage universel – pour soutenir François Mitterrand. Le PSU prend un nouvel élan en juin 1967, avec l’arrivée à sa direction d’un énarque de 37 ans, inspecteur des impôts : Michel Rocard. C’est sous son impulsion que le PSU trouvera sa véritable identité politique, décentralisatrice, hostile aux nationalisations intégrales, et autogestionnaire. Outre la personnalité de Michel Rocard, quelques événements donneront une forte visibilité au PSU, bien au-delà de ses faibles performances électorales. C’est sa prise de contrôle de l’Unef, en 1967 (jusqu’en 1971), et des conflits sociaux marqués par ses positions, comme la grève du Joint français (1972) et surtout l’expérience autogestionnaire de Lip, à Besançon, en 1973. Mais le passage de Michel Rocard au nouveau Parti socialiste, dirigé par François Mitterrand, en 1974, marque le début de la fin pour le PSU, qui aura beaucoup plus pesé sur la vie intellectuelle et idéologique du pays qu’à proprement parler sur son paysage politique. Le PSU s’est sabordé en 1990, laissant un fort héritage, principalement chez les Verts et les Alternatifs.
Tous impliqués dans la vie politique et sociale actuelle, les « anciens » ont intitulé la table ronde qui clôturera leurs débats du week-end « PSU : des idées pour aujourd’hui » . Tout un programme…