Les peuples au secours de la Terre
Après l’échec de Copenhague, plus de 18 000 personnes se sont réunies en Bolivie pour analyser
les causes du réchauffement planétaire et les moyens de lutter contre l’inertie des pays développés.
dans l’hebdo N° 1099 Acheter ce numéro
C’est dans la petite ville de Tiquipaya, la ville des fleurs située à 10 km de Cochabamba, sur les plateaux du centre bolivien, que plus de 18 000 participants, venus de 129 pays, ont débattu du 19 au 22 avril, à l’occasion de la « Conférence mondiale des peuples sur le changement climatique et les droits de la Terre mère », convoquée par le Président Evo Morales. La ville aux chemins de terre fraîchement bitumés et débarrassés de leurs poubelles pour l’occasion a presque doublé de population pour accueillir les activistes d’ONG, politiques, de mouvements sociaux, les universitaires, les scientifiques, les peuples indigènes, les juristes, et même quelques stars d’Hollywood, venus « discuter des causes de ce phénomène et chercher des solutions à ce problème, afin de sauver la planète » , comme l’a expliqué Pablo Guzmán, vice-ministre bolivien des Relations économiques internationales.
Selon lui, cet appel, le président Evo Morales l’a lancé le 5 janvier après avoir constaté à Copenhague, lors de la 15e Conférence mondiale sur le changement climatique, censée trouver un prolongement au protocole de Kyoto, que « certains gouvernements se réunissaient à portes closes pour prendre des décisions qui affectent la population du monde entier » . La conférence des peuples a également reçu près de 50 délégations de gouvernement, les représentants d’organismes internationaux (FAO, ONU, Unicef…), ainsi que les présidents d’Équateur, Rafaël Correa, du Venezuela, Hugo Chávez, du Paraguay, Fernando Lugo, du Nicaragua, Daniel Ortega (selon nos informations au moment du bouclage du journal). Tous convaincus que le réchauffement planétaire est d’abord une conséquence du système capitaliste.
Le président bolivien n’a pas choisi la date au hasard. La conférence se tient après une réunion à Washington de 17 des principales économies du monde, responsables de 80 % des gaz à effet de serre. Elle se clôt ce jeudi, Journée internationale de la Terre. L’occasion de présenter la Déclaration de Tiquipaya, à laquelle les milliers de participants espèrent parvenir. Un document qui sera présenté lors du sommet climatique de Cancún (Mexique) organisé par les Nations unies fin novembre. Si le document n’était pas pris en compte par l’ONU, Evo Morales a déjà prévenu qu’il fonderait un organisme alternatif : l’Unité des peuples originaires et ouvriers !
Le président réélu a organisé la conférence autour de 17 thèmes de débat (voir encadré), afin, selon sa déclaration du 5 janvier, « d’analyser les causes structurelles et systématiques qui provoquent le changement climatique et proposer des solutions de fond pour permettre le bien-être de toute l’humanité en harmonie avec la nature », afin de « se mettre d’accord sur un projet de Déclaration universelle de la Terre mère » , de « définir des stratégies d’action et de mobilisation pour défendre la vie face au changement climatique et pour les droits de la Terre mère ».
Les participants ont débattu de la responsabilité du capitalisme dans le réchauffement planétaire et de la « dette climatique » que les pays développés ont envers les pays en voie de développement, qui seront les principales victimes du changement climatique. Ils ont également abordé les problèmes que généreront les migrations de populations victimes des dommages du réchauffement.
Autant de thèmes qui devraient apparaître dans la déclaration de ce jeudi. Tout comme les deux propositions fortes d’Evo Morales : la création d’un tribunal international de justice climatique, calqué sur le Tribunal international de La Haye, qui jugerait les entreprises et les gouvernements responsables d’atteintes à l’environnement, ainsi que la réalisation d’un référendum mondial sur la manière de faire face au problème. La date serait même fixée : le 12 octobre. Des propositions bien loin des horizons des pays développés.