Nuits d’ivresse printanière
dans l’hebdo N° 1098 Acheter ce numéro
Il y a quelque chose de clandestin dans Nuits d’ivresse printanière , quelque chose qui ne peut se dévoiler facilement. Sans doute le fait de braver la censure de son pays s’est-il imprimé sur la pellicule du cinéaste chinois Lou Ye, qui avait été condamné, en 2006, à cinq ans d’interdiction de réalisation pour avoir évoqué dans Une jeunesse chinoise la répression sur la place Tienanmen. C’est ainsi que les plans tournés dans Nankin pour Nuits d’ivresse printanière l’ont été le plus souvent de nuit, presque à la volée, le plus vite possible. Mais, plus profondément, la fièvre de Nuits d’ivresse printanière tient dans sa charge subversive, qui outrepasse les frontières, quelles qu’elles soient. Non parce que le film raconte un amour à trois, à l’image de Jules et Jim – influence revendiquée –,
où, ici, les deux hommes entretiennent une relation homosexuelle ; pas davantage parce que les scènes de sexe entre les deux hommes y sont aussi délicates que charnelles ; mais parce que malgré la jalousie qui s’exprime au sein du trio l’amour y est le sentiment le plus imparable. Un amour scandaleux, farouche et, finalement, tel qu’il est le plus fort : amoral.
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