Palestine, la troisième voie
Le combat historique des Palestiniens emprunte aujourd’hui une nouvelle voie, plus économique que politique. L’homme de cette stratégie est un économiste libéral, le Premier ministre Salam Fayyad. Pour ses adversaires, cette politique risque d’apparaître comme un accommodement avec l’occupant.
dans l’hebdo N° 1099 Acheter ce numéro
Depuis 1967 – et, en vérité, depuis 1965, date du premier « coup de main » du Fatah –, les Palestiniens ont tout essayé : la résistance armée, celle des fedayins, la résistance populaire, celle
des Intifadas (1987-1993, puis 2000), celle des négociations, qui s’est principalement concrétisée par les accords d’Oslo en 1993. À partir du Conseil national palestinien d’Alger, en novembre 1989, ils ont abattu la carte du compromis historique en reconnaissant Israël et en renonçant à 78 % de la Palestine mandataire. Pour autant, leurs droits nationaux n’ont toujours pas été reconnus. Pire : la colonisation de la partie Est de Jérusalem et de la Cisjordanie s’est accélérée, hypothéquant gravement l’avenir. Gaza est soumis à un blocus mortifère. Cette impasse a renforcé au sein du mouvement palestinien des courants radicaux partisans d’une violence aveugle. De 1994 à 2005, le Hamas, en particulier, a ainsi perpétré une série d’attentats sanglants en Israël même, avant d’entamer un processus d’évolution politique qui l’a conduit à la victoire électorale de 2006. Pour être complet, il faut souligner aussi l’émergence d’un mouvement pacifique, à Bilin, notamment. Mais ces manifestations sont réprimées violemment par l’armée israélienne. De quelque côté que l’on se tourne, l’impasse est totale. Le refus israélien obstiné. Et les protestations internationales ne dépassent jamais la pétition de principe.
Si bien que, pour certaines élites palestiniennes, l’heure d’une autre stratégie aurait sonné. Elle est incarnée par un homme :
le Premier ministre, Salam Fayyad. Il s’agirait de créer une situation de fait en mettant en place les fondations économiques d’une société palestinienne. Cela, sans attendre l’aboutissement du processus politique conduisant à la naissance de l’État.
Cette stratégie porte déjà ses fruits sur le terrain. Mais elle n’est pas sans ambiguïté. Outre le risque de « s’accommoder »
de l’occupation, il existe aussi celui de s’intégrer à l’économie israélienne, jusqu’à l’absorption. Au travers de quelques exemples, nous ouvrons ici ce dossier complexe.
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