Sauver des vies !

Un documentaire de Frédéric Laffont sur les maladies tropicales,
qui tuent chaque année plusieurs millions
de personnes faute d’accès aux traitements.

Laurence Texier  • 15 avril 2010 abonné·es

L’enjeu : rien de moins que de « sauver des millions de vies humaines » . Alors Frédéric Laffont n’y va pas par quatre chemins. Il raconte, montre, explique avec force détails ces maladies tropicales qui touchent 1 milliard de personnes à travers la planète. Malaria, kala-azar, maladie du sommeil, tuberculose… Du Burkina Faso à l’Inde en passant par la Tanzanie, 1 $ pour une vie s’est arrêté sur les visages d’enfants sous perfusion et a saisi le regard impuissant de leurs mères, incapables de payer le traitement salvateur. « On dit “maladies tropicales négligées”. On ne dit pas que, sans traitement, ces maladies sont mortelles » , s’insurge le réalisateur, lauréat du prix Albert-Londres pour son reportage la Guerre des nerfs , en 1987 (au Liban). Chiffres à la clé: 80 % de la population n’a toujours pas accès aux médicaments, 100 000 personnes meurent du paludisme chaque année en Tanzanie, le traitement contre le kala-azar tue 5 à 10 % des patients qu’il est censé soigner. Laffont dresse un état des lieux de ces maladies attrapées par « ceux pour qui la bouse de vache est un trésor » .

90 minutes pour dire l’urgence. Et, à côté, un « petit » dollar qui en dit long… 1 dollar : c’est le prix d’un ticket de bus pour se rendre dans une clinique gratuite en Inde ou pour acquérir une moustiquaire, seule protection contre la malaria. Un dollar, c’est aussi ce que coûte aujourd’hui un nouveau médicament contre le paludisme, grâce à l’alliance de la fondation DNDI (organisme né du prix Nobel de la Paix de Médecins sans frontières) et du laboratoire Sanofi-Aventis. Un tarif encore inconcevable il y a dix ans. Il suffit de se souvenir de 2001 et du « procès de la honte », qui voyait les plus gros laboratoires pharmaceutiques de la planète attaquer l’Afrique du Sud pour avoir traité les malades du sida avec des traitements génériques.

Loin du fatalisme d’un fossé Nord-Sud infranchissable en matière d’accès aux soins, 1 $ pour une vie raconte ainsi l’espoir. Celui de voir les maladies tropicales perdre leur qualificatif de « négligées », et de voir disparaître le règne de la rentabilité imposé par l’industrie pharmaceutique. Se dessine alors un nouveau monde, aujourd’hui à portée de main. Un monde dans lequel ONG, laboratoires, anonymes et médecins tentant de travailler ensemble au quotidien pourraient faire que 15 millions de personnes ne meurent plus chaque année de maladies tropicales.

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