Un bilan carbone déplorable
Un rapport de l’Ademe reconnaît que les filières éthanol et agrodiesel sont potentiellement plus polluantes que les carburants fossiles.
dans l’hebdo N° 1098 Acheter ce numéro
L’Ademe vient de rendre public un rapport visant à établir le bilan complet de l’efficacité énergique et des émissions de gaz à effet de serre (GES) des filières d’agrocarburants. Depuis leur origine, en effet, ces carburants dits « verts » sont avantageusement cotés sur ces indicateurs : en gros, on ne prenait en compte que l’impact positif, à savoir la substitution des carburants fossiles – l’étape « voiture » –, en omettant l’étape agricole. Aussi le Grenelle avait-il exigé que soit enfin sérieusement étudié l’ensemble du cycle de vie de ces produits.
Le résultat est un rapport inachevé et à double lecture ^2. Point crucial, qui déclenche l’ire des associations, il esquive – « parce que c’est complexe » – le « changement d’affectation des sols » (CAS), c’est-à-dire l’impact de la transformation d’une forêt ou d’une culture alimentaire en champ à plantation énergétique, traité de manière qualitative seulement. Le rapport présente alors de ronflants bilans « hors CAS » positifs, surtout pour les filières françaises (éthanol de betterave ou de blé, agrodiesel de colza ou de tournesol, etc.), ce dont se félicitent les industriels du secteur.
Oui mais voilà, avec des hypothèses « défavorables » ou même seulement « intermédiaires », l’Ademe calcule quelques pages plus loin que, « du champ au réservoir », les filières éthanol ou agrodiesel seraient jusqu’à deux fois plus émettrices de GES que l’essence ou le gazole ! Par exemple, si l’on déboise une forêt tropicale pour planter de la canne à sucre ou du palmier à huile. Un cas exceptionnel ? Au contraire, de plus en plus probable, tant les coûts de production sont avantageux dans les pays du Sud.