Voyage au coeur de l’islam
Le pèlerinage à La Mecque est souvent montré sous des apparences mystérieuses. Les images de la foule des fidèles et des bousculades inquiètent et alimentent parfois les fantasmes. Le reportage de Saad Khiari, «Dieu, les Arabes, les femmes, le monde… », contribuera peut-être à démystifier ces manifestations de religiosité.
dans l’hebdo N° 1098 Acheter ce numéro
Cinéaste franco-algérien, auteur et chercheur associé à l’Institut des relations internationales et stratégiques, Saad Khiari vient de passer dix jours à La Mecque et à Médine, à l’occasion de ce que
les musulmans appellent le « petit pèlerinage ».
Il y a côtoyé des milliers de musulmans venus du monde entier. Les conversations qu’il a eues avec plusieurs d’entre eux sont révélatrices d’une culture et d’une vision du monde
qui n’est pas forcément la nôtre. On est frappés en lisant
son témoignage d’une certaine liberté de ton de la part
de ses interlocuteurs. Et, finalement, étonnés de constater
que les points de vue et les opinions ne sont pas si éloignés
de ce que l’on pourrait entendre dans nos régions : sévérité
à l’égard de l’extrémisme islamiste, sagesse critique à l’adresse de l’Iran, et une claire conscience que l’islam doit évoluer, notamment quand il s’agit du statut de la femme. Avec,
il est vrai, une importance centrale conférée à la question israélo-palestinienne, dont on ne dira jamais assez combien elle empoisonne les relations entre le monde occidental
et ce qu’on appelle par facilité le monde arabo-musulman et, par extension, les rapports entre le Nord et le Sud. Mais,
au total, la différence est moins sociétale et politique, en tout cas dans le discours, qu’évidemment religieuse. Elle est sans doute là la source de bien des incompréhensions.
La religiosité nous est devenue culturellement étrangère.
La question est de savoir si elle est un obstacle réel au dialogue et à la compréhension mutuelle ou un mur que nous dressons nous-mêmes à force de préjugés et de fantasmes.
Notre conviction laïque ne doit pas nous empêcher
de chercher à comprendre et de nous intéresser au fait religieux sans nécessairement y adhérer.
Le texte ci-dessous peut aider à répondre à ces questions. Nous lui avons conservé son caractère subjectif. Il n’est pas, cela va sans dire, l’œuvre d’un journaliste de Politis, mais d’un intellectuel arabe laïque, empli d’une double culture,
et impliqué dans le dialogue interreligieux.
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