Au nom du pèze

«On m’a promis une vie de rêve, et j’y ai cru. » Le rêve a vite tourné au cauchemar pour Alain Stoffen. Après quinze ans passés en scientologie, il a découvert de façon fortuite son « dossier d’éthique ». Des centaines de comptes rendus relatant ses faits et gestes depuis son arrivée dans l’Église de scientologie. Son dossier comporte également des programmes détaillant comment lui soutirer de l’argent.

Alain Stoffen témoigne tout au long de ce documentaire de Jean-Charles Deniau. Une investigation au cours de laquelle aucun scientologue n’a accepté de livrer son point de vue, mais où journalistes, psychologues et avocats analysent les pratiques de l’organisation. Comme d’autres, Alain Stoffen a été séduit, touché par l’attention qu’on lui portait. Assujetti puis entraîné dans un engrenage qui le détruira moralement, physiquement et financièrement. « Je suis sorti de là avec la sensation de ne plus être vraiment chez moi dans ma tête. Pour moi, j’avais été violé, j’avais été trahi. »

L’Église de scientologie a été créée par l’américain Ron Hubbard en 1950. Légalement simple association, elle se veut une « religion des religions », avec un Dieu qui n’est pas précisément défini, ce qui permet de ratisser large. Elle recrute la plupart de ses adeptes au moyen de prétendus « tests de personnalité » ou grâce aux réseaux entretenus avec des institutions prestigieuses. Les « services » proposés sont proches de la psychologie comportementale, à la différence que les adeptes se voient très vite dépossédés de leur fortune, importante ou minime, par un système pervers. Chaque étape appelle obligatoirement d’autres dépenses. Les frais s’accumulent, et les dettes envers « l’Église » avec.

L’argent fait partie des méthodes d’assujettissement, mais la domination s’exerce aussi par des épreuves physiques et morales. Cures excessives de vitamines surfacturées, rupture des liens avec le monde extérieur. Il s’agit de déstabiliser, de rendre vulnérable. Pression, oppression, manipulation, intimidation. Jusqu’aux moyens de coercition en cas de rébellion. En octobre 2009, l’Église de scientologie a été condamnée pour la première fois en tant que personne morale. Mais ni interdite ni dissoute. De nombreuses instructions sont encore en cours. Non sans complicités, sans doute, expliquant la lenteur du traitement des dossiers. Tandis que Ron Hubbard attend « sa nouvelle enveloppe corporelle pour revenir sur terre ».