Brisons les sanctuaires des faux droits !
dans l’hebdo N° 1104 Acheter ce numéro
Veux-tu rester cramponné, façon moule à son rocher, aux somptuaires avantages que l’État de France t’acquit naguère, aux temps qu’il était gouverné par des bolcheviks ? – c’était avant, tu l’as compris, que les « socialistes » puis leurs voisins de droite n’osent enfin (commencer à) nous libérer de l’enserrant carcan des solidarités sociales.
Ou veux-tu, au contraire, choisir pour de bon la liberté ?
C’est la question que posait à la une, ce dimanche, le directeur du Journal du même nom, a man called Olivier Jay, dont plus d’un éditorial est comme une bouffée d’air frais dans une atmosphère hexagonale saturée de toxines collectivistes.
Bien entendu, Olive – comme on l’appelle affectueusement aux endroits où s’apprécie non seulement la première pression (à froid) de sa contribution dominicale aux débats du temps, mais la deuxième (à tiède), tout aussi bien – Olive, disais-je, ne déclare pas comme ça, tout de go, sans préparation, qu’il y aura désormais une retraite rognée après les années du labeur, et que c’en est fini de l’époque des septuagénaires triomphant(e)s, pique-assiettes au buffet de la dépense publique : Olive écrite plutôt que « la présidentielle de 2012 se jouera sur la sécurité [^2]» , mais « pas seulement », pour autant, sur « la lutte contre les délinquants et les criminels » (qui est, il va de soi, nécessaire, mais pas suffisante), et que « les candidats seront aussi jugés sur leur capacité à recréer de la sécurité sociale », un peu comme dans un film de Ken Loach, disons.
Et de poser la question : « Pour cela, faut-il réformer de biais [^3], en sanctuarisant les droits acquis ? » Au mépris de l’évidence que l’heure est passée des plans quinquennaux, et autres billevesées enverhodjistes ? « Ou vaut-il mieux remettre en cause ces acquis devenus des “faux droits” grâce aux progrès de la santé, au risque de traverser une période d’insécurité sociale ? »
Le patron du Journal du dimanche observe, non sans perspicacité, que « nul ne sait ce que les Français voudront choisir », mais que, dès à présent, « leurs dirigeants peuvent leur indiquer clairement la voie » , que lui-même vient aimablement de flécher en signifiant, un, que vue de lui « l’insécurité sociale » n’est pas (du tout) la somme des peurs du malade qui découvre tous les deux matins que le remboursement de ses médicaments suit une courbe inversement proportionnelle à celle du prix, haussier, de la consultation chez son généraliste, mais bien plutôt l’hypothèse d’une révolte des gueux ; puis, deux, que mieux vaut courageusement braver cette colère que de renoncer encore, sous la pression de la rue – pouah, l’affreux ramassis –, à l’abolition des « faux droits » , pompeusement baptisés protection sociale, qui au demeurant sont abolis déjà depuis une longue vingtaine d’années, allons, « dirigeants » , du courage !
[^2]: Prends note, please : et retiens dès à présent que ça nous promet du papy Voise par lots de quinze.
[^3]: C’est moi qui souligne.
Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.