Comment est née l’imbécile « affaire Faurisson »
Avec beaucoup d’imagination – et de culot –, certains ont voulu faire de Chomsky un négationniste.
dans l’hebdo N° 1104 Acheter ce numéro
Noam Chomsky, profondément attaché à une conception très américaine de la liberté d’expression, qui peut évidemment être contestée, a signé à la fin des années 1970 une pétition réclamant que le négationniste Robert Faurisson puisse, lui aussi, librement s’exprimer. Arnaud Rindel explique : « Chomsky, devenu malgré lui l’emblème de cette pétition » – rançon de sa popularité dans les rangs d’une gauche viscéralement allergique au négationnisme –, « reçut une avalanche de protestations, ce qui l’amena à écrire un texte exposant sa position [^2] » , où il écrivait que, de son point de vue, « la liberté d’expression, pour être réellement le reflet d’une vertu démocratique, ne peut se limiter aux opinions que l’on approuve », puisque « même les pires dictateurs sont favorables à la libre diffusion des opinions qui leur conviennent ». Ce texte fut ensuite inséré, en guise de préface et à l’insu de son auteur, dans un livre de Faurisson. Chomsky a maintes fois répété, depuis, qu’il n’avait bien sûr jamais eu l’intention de préfacer un tel ouvrage, et que, pour lui, « le simple fait de discuter avec des négationnistes de l’existence des crimes nazis revenait à perdre notre humanité ». Il faut donc beaucoup – beaucoup – d’imagination, pour lui prêter une quelconque complaisance pour les thèses d’un Faurisson. Mais Bernard-Henri Lévy, totalement fermé à la réalité, le regarde comme un « maniaque du négationnisme », cependant que Philippe Val ose, en dignité, cet audacieux amalgame : « Hitler par deux fois fait allusion au génocide arménien, afin d’y adosser son action. Chomsky, qui a préfacé l’ouvrage de Faurisson, est également un négateur du génocide cambodgien. Les génocides sont liés entre eux par leurs négateurs. »
[^2]: « Noam Chomsky et les médias français », Acrimed, 2 décembre 2003.