Godard, ailleurs

Politis  • 20 mai 2010 abonné·es

Jean-Luc Godard s’est excusé auprès de Thierry Frémaux, le délégué général du festival, parce qu’il a préféré ne pas faire le déplacement sur la Croisette, alors que son nouveau film, Film Socialisme , était présenté, dans la sélection Un certain regard, le lundi 17 mai. On pourra chercher toutes les raisons à ce choix. Quelles qu’elles soient, le cinéaste a mis en cohérence ses paroles et ses actes, lui qui regrette depuis longtemps maintenant que l’on s’intéresse moins à ses films qu’à lui-même. En laissant ainsi seule sa dernière œuvre – magnifique – occuper le terrain cannois, il donne plus de chances à celle-ci d’être reçue pour elle-même, au lieu de n’être perçue que comme un prétexte à la présence de son auteur.

Du bel Acid

Parmi tous les films montrés à Cannes, Politis est, comme chaque année, particulièrement attentif à ceux que programme l’Association du cinéma indépendant pour sa diffusion (Acid),
pour ses raisons d’être et sa qualité. La programmation 2010 tient ses promesses, avec au moins trois films remarquables : Cuchillo de palo , de la Paraguayenne Renate Costa ; Entre nos mains , de Mariana Otero, et Fix me, du Palestinien Raed Andoni. On reviendra sur ses films-là (il en est déjà question dans le blog de Cannes).

Le Blac est là

Lors de la conférence de presse qu’il a tenue le 16 mai à Cannes, le Blac
(collectif national de l’action culturelle cinématographique et audiovisuelle), qui se bat contre les diminutions de crédit tous azimuts, du côté du ministère de la Culture, du ministère de l’Éducation nationale, ou des Drac, a confirmé que les motifs d’inquiétude et de mobilisation allaient en se multipliant. D’où l’« Appel de Cannes » qu’il a lancé pour l’organisation d’États généraux du cinéma, qui contient également un certain nombre de revendications, toutes aussi cruciales. Avec, en outre, un appel à souscription. Les intervenants ont aussi souligné un fait marquant : leurs interlocuteurs politiques, au premier rang desquels le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, montrent pour beaucoup de l’indifférence par rapport aux enjeux culturels, et apparaissent « abattus, fatigués, résignés… » . « Ils ont l’air ailleurs », a précisé l’un d’eux. Mais cet ailleurs-là n’est pas le même que celui de Jean-Luc Godard.

Culture
Temps de lecture : 2 minutes