Les patrons font la loi
Les hypothèses retenues par le gouvernement proviennent d’une demande du Medef.
dans l’hebdo N° 1105 Acheter ce numéro
Si l’on excepte la « contribution supplémentaire de solidarité sur les hauts revenus et les revenus du capital » , le document d’orientation du gouvernement, adressé le 16 mai aux partenaires sociaux, a repris à son compte les pistes de financement des retraites proposées quelques jours auparavant par le Conseil d’orientation des retraites (COR) [^2].
Deux des trois leviers de financement évoqués dans le document gouvernemental (augmentation de la durée de cotisation, report de l’âge d’ouverture des droits à retraite) sont considérés comme envisageables et doivent beaucoup à l’influence du Medef. Laurence Parisot, en effet, avait annoncé en avril que l’organisation patronale avait demandé au COR de tester des variantes intégrant un report de l’âge légal ou un allongement des durées de cotisation. Information confirmée par le ministère du Travail à l’AFP. Ainsi, les ordinateurs du COR ont sorti sans surprise des hypothèses de financement défavorables aux salariés, la plus médiatique étant un recul de l’âge légal de départ (repoussé à 63 ans) combiné à un allongement de la durée de cotisation à 45 ans, qui permettrait de couvrir la moitié du déficit du régime général (salariés du privé) envisagé en 2050.
Le Medef a commenté les simulations qu’il a lui même inspirées, affirmant que « les mesures d’âge et de durée sont absolument nécessaires » . L’organisation patronale prône une combinaison de ces deux données tout en plaidant pour un système de retraite par capitalisation. C’est aussi ce que l’on peut lire dans le document d’orientation : la réforme proposera des mesures permettant à davantage de Français de « compléter leurs pensions » en « recourant à des dispositifs d’épargne retraite ».
Rien de nouveau, donc, si ce n’est que les variantes retenues par le COR ont été fortement contestées. Selon la CGT, ces données « n’engagent pas le Conseil » et le choix des simulations a « attiré de sévères critiques de la part d’une grande partie des membres du Conseil » . Notamment cette critique majeure que rien n’est prévu pour améliorer les besoins de financement des retraites. En dépit d’une contribution supplémentaire des hauts revenus et du capital.
[^2]: Variantes de durée d’assurance et d’âges de la retraite, dossier technique préparé par le secrétariat général du Conseil d’orientation des retraites, 11 mai 2010.