Un suppo à l’eucalyptus
dans l’hebdo N° 1102 Acheter ce numéro
Comme prévu : « la crise grecque », ainsi qu’on dit quand on est bien élevé(e), va justifier, ici (encore), une accélération du rythme des coups portés aux pauvres, à qui Celui Dont Le Nom Ne Doit Plus Être Dit (vu le niveau de sa cote de popularité, le prononcer relèverait de l’incitation à l’émeute) avait promis, candidat, qu’il serait le président de leur pouvoir d’achat, avant de leur faire, sitôt qu’élu, la révélation que, les caisses étant vides (paquet fiscal oblige), ils pouvaient s’en faire un conséquent suppo à l’eucalyptus mentholé, de leur pouvoir d’achat – puis, désormais (à l’issue, tout à l’heure, de ce que la presse, qui ne craint rien, ose appeler « un sommet social »), l’annonce qu’après s’être déjà bien serré la ceinture, ils allaient à présent pouvoir se la serrer d’un cran de plus, elle est pas belle, ma France d’après ?
Je vous l’avais pas dit, qu’ensemble tout deviendrait possible ?
(Tu te rappelles, cette prime de 150 euros qu’on t’a consentie l’an dernier pour te soutenir le pouvoir d’achat du ménage, traîne-misère ? Ben j’espère que tu l’as bien regardée, parce que t’es pas près d’en revoir une pareille, parole d’homme – ou si tu veux finir comme ces pauvres con(ne)s d’Héllènes ?)
Le foutage de gueule régimaire monte donc vers de nouvelles hauteurs, mais convenons que les Versaillais auraient tort de se gêner, et que la bande à Foutriquet serait bien sotte de pas donner la pleine mesure de son talent, puisqu’elle a en face d’elle, en guise de communards – ô tempora, tout ça –, le même appareil syndical, organisé autour de l’attelage burlesquissime d’un Beatle et d’un cachou barbichu, qui a l’autre jour prévenu la terre entière qu’on allait voir ce qu’on allait voir au niveau du 1er mai, qu’on aurait la mère de toutes les manifs, et que si Celui Dont Le Nom Ne Doit Plus Être Dit voulait un « test », il allait être servi – et qui, nonobstant que la démonstration de force annoncée a tourné au fiasco, brandit maintenant la menace (éloigne les enfants, c’est du méga-brutal) d’une, je cite, « journée de grèves et de manifestations » le 27 mai, qui pourrait bien être suivie, du moins peut-on l’imaginer, au cas (douteux) où le régime lui survivrait, d’une seconde journée de grèves et de manifestations, disons le 14 janvier 2011, de 11 heures à 17 heures 05.
Fais-moi penser qu’il faut qu’on pense à se rappeler qu’il faut qu’on pense à faire des nœuds à nos mouchoirs, pour ne pas oublier, le moment venu, quand on aura bouté Celui Dont Le Nom Ne Doit Plus Être Dit et ses « socialistes » de compagnie, qu’il faudra qu’on s’occupe, aussi, de nos pitres syndicaux.
Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.