Circuits éclectiques

Le Festival du film d’animation d’Annecy
fête ses 50 ans.
L’occasion pour le magazine «Court-circuit » d’Arte de proposer une sélection d’œuvres.

Florence Chirié  • 3 juin 2010 abonné·es

Une femme aux longs cheveux noirs se maquille. Elle s’apprête à recevoir un homme. Ballet de gestes sensuels en rouge et noir. Quand les corps se rencontrent, les couleurs se mélangent. Pourtant composé uniquement de lignes géométriques, l’ensemble est harmonieux. Chick, du Polonais Michal Socha, ne laisse pas indifférent. Primé pour sa musique à l’édition 2009 du Festival d’animation d’Annecy, le court-métrage est sans aucun doute le plus original de la sélection proposée par Arte dans son magazine « Court-circuit ». Autre film récompensé l’an passé, l’Emploi , réalisé par l’Argentin Santiago Bou Grasso. Un court-métrage oppressant sur la valeur et l’absurdité du travail dans notre société. Changement de style avec les Sœurs Pearce du Britannique Luis Cook. Des poissons, des viscères, du sang et des mouches : le quotidien de deux sœurs isolées au bord de la mer, qui attendent que les marins noyés s’échouent sur leur plage…
On reste dans l’univers aquatique, mais moins glauque, avec le premier court-métrage de Tom Haugomat et Bruno Mangyoku : J ean-François. Un ancien champion de natation, à la stature si imposante que l’écran ne suffit pas à la contenir, est hanté par ses souvenirs d’enfance. Ou le trauma du passage à l’âge adulte revisité par deux grands enfants. Ce film est en sélection officielle 2010 du festival d’animation d’Annecy, qui se tient entre le 7 et le 12 juin. Autre film en compétition, Mémoire fossile , dont le dessin façon crayon à papier en noir et blanc donne un ton sombre, à l’image du propos. Un vieil homme meurt à petit feu, tué par son travail dans les mines de charbon.

Pour ses 50 ans, le Festival d’Annecy n’a pas craint la diversité. Probablement parce qu’il lui doit sa renommée. Non sans mal quand on sait combien le genre a peiné à être (re)connu. Annecy organisait sa première édition en 1960, et le festival est aujourd’hui incontournable pour les amateurs du genre. Malgré son succès toujours grandissant, il a su rester à taille humaine. La présence des plus reconnus n’empêche pas la convivialité et le partage. Car avant tout, souligne le réalisateur Michel Ocelot, « il y a un désir de culture et pas que de commerce ». Films primés auparavant, en compétition cette année, reportages, entretiens et un retour sur l’histoire de ce festival se partagent ce coup de projo sur Annecy.

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