Dette : que reste-t-il des promesses ?

Le processus d’annulation de la dette haïtienne avance trop lentement, estiment des ONG d’aide
au développement. Qui rappellent en outre qu’il s’agit d’une créance « odieuse ».

Thierry Brun  • 10 juin 2010 abonné·es

Quelques jours après le séisme en Haïti, les pays créanciers réunis au sein du Club de Paris réitéraient leur engagement d’annuler la dette de ce pays meurtri à leur égard. 214 millions de dollars (alors que le montant total de la dette s’élevait à 1,9 milliard en 2009) devaient donc être effacés. Une bonne nouvelle relative, puisque les créanciers d’Haïti s’étaient déjà engagés à annuler 1,2 milliard de dollars de dette… en juin 2009 !
Le Venezuela, principal créancier, a certes déclaré fin janvier que l’annulation de 295 millions de dollars n’était qu’une affaire de jours, mais on ne sait s’il est passé à l’acte depuis. En visite expresse en Haïti en février, Nicolas Sarkozy a dévoilé un plan d’aide de 270 millions d’euros sur deux ans (en plus de l’annulation de la dette de 56 millions d’euros à la France déjà promise en 2009). Port-au-Prince doit aussi à Taïwan 88 millions de dollars, lesquels n’ont pas été supprimés, a indiqué le gouvernement taïwanais en avril, qui a décidé d’annuler les seuls intérêts pendant cinq ans.
La dette haïtienne est aussi détenue par le FMI, la Banque mondiale et la Banque interaméricaine de développement. Cette dernière a donné le coup d’envoi, seulement en mai, de l’effacement de la créance, estimée à 480 millions de dollars. La Banque mondiale est aussi passée à l’acte récemment en annulant 36 millions de dollars. De son côté, le FMI n’a pas encore rendu sa décision concernant les 270 millions de dollars de dette, qui incluent un prêt de 100 millions de dollars bénéficiant d’une période de grâce de cinq ans et demi. Ce prêt ne fait que remettre à plus tard le paiement d’une dette « odieuse », dénoncée par les ONG de la plate-forme Dette et Développement. Une grande partie de la dette s’est en effet formée sous la dictature de Jean-Claude Duvalier, que les bailleurs de fonds ont accompagné de 1971 à 1986…

Société
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

« Aujourd’hui, le nouveau front, c’est d’aller faire communauté dans les territoires RN »
Entretien 22 novembre 2024 abonné·es

« Aujourd’hui, le nouveau front, c’est d’aller faire communauté dans les territoires RN »

Auteur de La Colère des quartiers populaires, le directeur de recherches au CNRS, Julien Talpin, revient sur la manière dont les habitants des quartiers populaires, et notamment de Roubaix, s’organisent, s’allient ou se confrontent à la gauche.
Par Hugo Boursier
Les personnes LGBT+, premières victimes de violences sexuelles
Étude 21 novembre 2024 abonné·es

Les personnes LGBT+, premières victimes de violences sexuelles

Une enquête de l’Inserm montre que de plus en plus de personnes s’éloignent de la norme hétérosexuelle, mais que les personnes LGBT+ sont surexposées aux violences sexuelles et que la transidentité est mal acceptée socialement.
Par Thomas Lefèvre
La santé, c’est (avant tout) celle des hommes !
Santé 21 novembre 2024 abonné·es

La santé, c’est (avant tout) celle des hommes !

Les stéréotypes sexistes, encore profondément ancrés dans la recherche et la pratique médicales, entraînent de mauvaises prises en charge et des retards de diagnostic. Les spécificités féminines sont trop souvent ignorées dans les essais cliniques, et les symptômes douloureux banalisés.
Par Thomas Lefèvre
La Confédération paysanne, au four et au moulin
Syndicat 19 novembre 2024 abonné·es

La Confédération paysanne, au four et au moulin

L’appel à la mobilisation nationale du 18 novembre lancé par la FNSEA contre le traité UE/Mercosur laisse l’impression d’une unité syndicale, qui n’est que de façade. La Confédération paysanne tente de tirer son épingle du jeu, par ses positionnements et ses actions.
Par Vanina Delmas