Où en est l’Afrique du sud ?
Avant la Coupe du monde, qui débute le 11 juin, nous avons voulu nous pencher sur le pays qui accueille la compétition. Verra-t-on alors la véritable Afrique du Sud, malmenée par le chômage, la violence et le sida ? Quelles perspectives dessine cet événement, en termes d’image, d’infrastructures, de conséquences économiques ?
dans l’hebdo N° 1105 Acheter ce numéro
Du 11 juin au 11 juillet, le monde entier aura les yeux tournés vers l’Afrique du Sud, selon l’expression consacrée. À moins qu’à l’inverse la Coupe du monde de football, en nous éblouissant par ses fastes, ne masque la réalité profonde du pays, et que la clameur des stades ne donne une version tronquée du portrait économique, social et culturel de cette immense contrée à l’histoire si tourmentée. Nous avons donc décidé cette semaine de nous pencher sur cette Afrique du Sud sortie de l’apartheid en 1991 mais toujours marquée par les inégalités raciales.
Un pays de 50 millions d’habitants, dont 79 % de Noirs et 8,9 % de métis, pour 9,5 % de Blancs, héritiers de différentes strates de colonisateurs, portugais, hollandais (à partir de 1652), français, puis anglais. Ces derniers prenant le pouvoir à partir de 1806. Un pays où les hommes meurent en moyenne à 53 ans et 8 mois, et les femmes à 57 ans et 2 mois. Des chiffres qui ne rendent évidemment pas compte de terribles inégalités entre Noirs et Blancs. L’Afrique du Sud que l’on ne verra pas – ou alors à l’occasion de rares reportages en marge de l’événement –, c’est aussi 40 % de chômeurs (sources syndicales), une pandémie de sida ravageuse, et l’inévitable corollaire de cette misère sociale, une délinquance dont on retiendra trois chiffres : 20 000 meurtres par an, 55 000 viols et 120 000 hold-up.
Fallait-il faire la Coupe du monde de football dans un pays qui se trouve dans cette situation ? Il y a toutes sortes de réponses, contradictoires, à cette question : économique, sociale et psychologique. Pour faire mieux connaissance avec l’Afrique du Sud, nous avons interrogé l’un des meilleurs spécialistes de la région, directeur de recherche au Centre d’étude d’Afrique noire de Sciences-Po Bordeaux, qui se trouve être un de nos collaborateurs, et ami, grand connaisseur des musiques du monde, Denis-Constant Martin.
Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.
Faire Un Don