Polémique autour de la Villa Médicis
dans l’hebdo N° 1107 Acheter ce numéro
Dès l’annonce de la nomination de Malik Mezzadri et Claire Diterzi parmi les pensionnaires de la discipline musique à la Villa Médicis pour l’année 2010/2011, une très en colère Lettre ouverte au ministre de la Culture et au directeur de la Villa Médicis, avec pétition (Musique-en-vrac.blogspot.com), est apparue sur le Net. Quel est le problème du jazzman Malik Mezzadri (plus connu sous le nom de Magic Malik) et de la chanteuse Claire Diterzi, tous deux compositeurs ? Horreur, ils sont « issus des musiques dites “actuelles” » ! Et ladite lettre ouverte d’ajouter : « Ces musiques, plus populaires, touchent un public déjà nombreux et jouissent d’une médiatisation plus large que la nôtre. Elles sont déjà très soutenues par de nombreuses structures et par l’État lui-même, qui ne cesse de les mettre en avant. Pour cette raison, les accueillir dans une institution qui était originellement destinée à la création musicale contemporaine ne fait que conforter cette situation déséquilibrée… »
Outre leur côté très crispé sur leur discipline – la musique « contemporaine » –, promouvant celle-ci aux dépens des autres – les musiques « actuelles » –, les initiateurs de cette lettre ouverte semblent avoir volontairement ignoré que Malik Mezzadri a été nommé en tandem avec Gilbert Nouno, qui est, lui, un compositeur « contemporain » dûment répertorié comme tel, les deux musiciens portant, en l’occurrence, un projet commun.
Une contre-pétition, réunissant d’anciens pensionnaires de la Villa Médicis, des musiciens, mais aussi des écrivains, des cinéastes, des journalistes…, a pris la défense des deux musiciens dont la nomination est contestée. On peut notamment y lire : « Nous savons bien, et c’est pourquoi nous l’aimons et la soutenons, que la musique “contemporaine” a des visages plus rieurs à montrer que celui d’une avant-garde officielle raidie sur ses privilèges, défendant jalousement l’immunité de ses prés carrés ! Nous appelons donc les “contemporains” à ne pas se tromper de cible, et à prendre conscience du fait que tous les musiciens issus des autres sphères musicales ne sont pas nécessairement de simples “divertisseurs” vivant royalement de l’industrie du disque et de la scène. La précarité se répand malheureusement sans exclusive de genres, chez tous les artistes en recherche. »