Allègre attaque Politis (suite)
L’appel que nous publions fait suite à la réunion publique tenue le 23 juin au Théâtre de l’est parisien, à l’initiative de Politis, Medipart et Terra Economica.
dans l’hebdo N° 1110 Acheter ce numéro
Organisé à l’origine en solidarité avec Politis (voir Politis n° 1103), attaqué pour « diffamation » par Claude Allègre, ce débat a posé plus largement le problème du rapport à la vérité. Les signataires de ce texte, scientifiques et journalistes, appellent leurs professions à la vigilance contre tout ce qu’incarne Claude Allègre dans la communauté scientifique, mais aussi contre la complaisance de certains médias et leur propension à privilégier le sensationnel aux dépens de la vérité. Il va sans dire, par ailleurs, que nous tiendrons informés nos lecteurs des suites judiciaires de l’action intentée par Claude Allègre contre notre journal et les auteurs d’une tribune publiée en juin 2009.
La rédaction de Politis
Vingt-trois scientifiques et journalistes
appellent leurs professions à la vigilance
Après avoir pris connaissance de la plainte pour « diffamation publique » déposée par Claude Allègre contre Politis et les huit coauteurs d’une tribune publiée par cet hebdomadaire, les scientifiques et les journalistes soussignés ont décidé d’alerter conjointement leurs professions.
Scientifiques et journalistes font le constat qu’ils sont confrontés, par le comportement de Claude Allègre, aux mêmes problèmes d’éthique.
Lorsqu’un membre reconnu de la communauté scientifique se sert de son prestige scientifique pour diffuser des contrevérités et des inexactitudes dans des domaines qui lui sont étrangers, lorsqu’il a recours à l’insulte, au mépris et à l’intimidation à l’appui de ses erreurs d’analyse, c’est la perception même de la science par la société qui est brouillée.
Lorsqu’il utilise la candeur, la méconnaissance ou le goût du sensationnel de certains journalistes pour diffuser des contrevérités, ou pour détourner la notion de doute légitime afin de se poser en victime d’une prétendue pensée unique, c’est le rôle du journaliste dans notre société qui est décrédibilisé.
Dans un cas comme dans l’autre, le débat se trouve verrouillé, le rapport à la vérité est brouillé, et la démocratie est affaiblie.
Les scientifiques et journalistes soussignés s’adressent à leurs collègues, consœurs et confrères. Ils en appellent à la vigilance de tous afin que, tout en respectant la nécessaire liberté d’expression de chacun, l’imposture et la démagogie soient systématiquement dénoncées.
Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.
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