Changer de République
Une association milite pour l’élection d’une assemblée constituante. Une démarche qui donnerait aux Français le choix de leurs institutions politiques.
dans l’hebdo N° 1110 Acheter ce numéro
Et si on élisait une constituante ? L’idée peut sembler étrange aujourd’hui. C’est pourtant celle qui est défendue par l’association « Pour une constituante », qui milite depuis 2008 pour l’élection d’une assemblée dont l’unique rôle serait d’élaborer une nouvelle constitution. Pour son président, André Bellon, refonder nos institutions relève d’une « révolution psychologique » nécessaire. Selon lui, le décalage actuel entre les citoyens et leurs représentants est comparable à « la divergence entre pouvoir et peuple qui caractérisait la monarchie absolue ».
L’ancien député PS voit dans une constituante un « instrument de libération » des citoyens. En les dotant d’un pouvoir de décision, elle les ferait « redevenir acteurs » de leur société. Elle permettrait surtout d’éviter une réaction violente au décalage qui existe entre des instances traditionnelles du pouvoir et une société qui a évolué. « Soit on accepte cette évolution et elle se fait pacifiquement, soit on la refuse et on risque une révolution. »
L’idée d’une VIe République n’est pas nouvelle. Certains responsables politiques comme Arnaud Montebourg (PS) revendiquent un changement de constitution. Ce qui différencie la démarche de l’association, c’est la volonté de « donner une clé pour que les gens se posent eux-mêmes la question », et non de livrer un projet tout prêt. Elle refuse également tout rapprochement avec un parti ou une personnalité politique. Jean-Luc Mélenchon (PG), par exemple, défend lui aussi l’idée d’une VIe République. Cependant, « sa démarche dans un cadre institutionnel a ses limites », selon André Bellon. Ce dernier s’oppose aussi à l’idée défendue par Mélenchon d’une constituante à l’échelle européenne. « Une constituante passe d’abord par l’affirmation des peuples tels qu’ils existent ». L’association a gagné 150 adhérents en un an et demi. Le tout est de savoir si les citoyens s’approprieront cette revendication, pour l’heure un brin utopique.