Le PS tourne la page
Nouvel hymne, nouveau mode de fonctionnement… Les socialistes rénovent leur parti en espérant bientôt rénover pareillement la République abîmée par trois ans de sarkozysme.
dans l’hebdo N° 1110 Acheter ce numéro
La convention nationale du PS sur la rénovation n’était qu’une formalité. Elle n’a donc pas déplacé les foules militantes. Samedi, un peu moins de 500 sièges avaient été dressés dans une salle du Carrousel du Louvre plus habituée à servir de cadre aux défilés de mannequins qu’aux orateurs politiques. Mais, en adoptant à la quasi-unanimité un processus de rénovation lancé par Martine Aubry l’an dernier à La Rochelle, les socialistes ont ouvert la course à la présidentielle de 2012.
Déjà largement approuvée par les militants, cette quatrième rénovation en sept ans inscrit dans les statuts l’interdiction du cumul d’un mandat de parlementaire et d’un exécutif local (maire, maire adjoint, président ou vice-président de conseil général ou de conseil régional, présidence ou vice-présidence d’un établissement public de coopération intercommunale), installe de nouvelles procédures lors des congrès (le choix des orientations politiques et des dirigeants se fera lors d’un même scrutin), et impose la parité intégrale dans toutes les instances du PS. Elle formalise aussi le fonctionnement des primaires de désignation du candidat socialiste à la présidentielle.
À la tribune, en l’absence de l’artisan de cette rénovation, Arnaud Montebourg, hospitalisé pour une infection de la cornée, c’est Olivier Ferrand qui a exposé la portée de ce « nouveau droit démocratique » donné aux citoyens pour « choisir leur candidat ». « Le choix portera sur les hommes mais aussi sur le projet. Il faudra choisir entre des candidats et des lignes politiques incarnées par ces candidats. La forme parti est en train de muer sous nos yeux » , a expliqué le président du think tank social-libéral Terra Nova, qui se réjouit d’assister à la fin du parti conçu comme « une avant-garde ».
« Cette convention n’est pas un point d’arrivée mais un point de départ », a renchéri David Assouline, convaincu que son parti lance « une bombe dans la vie politique ». Nommé récemment à la tête d’un groupe chargé d’approfondir cette rénovation, ce sénateur de Paris, qui fut proche de Ségolène Royal, entend faire un « inventaire et non une synthèse » des « propositions pratiques » des adhérents pour faire évoluer le militantisme dans le PS, avec l’objectif d’attirer de nouveaux publics et de garder ses adhérents. Il n’exclut pas pour cela d’autoriser des regroupements thématiques ou de casser les sections.
« Notre rénovation est d’autant plus nécessaire que notre République et notre démocratie sont aujourd’hui abîmées par trois ans de sarkozysme » , a justifié Martine Aubry dans une longue intervention, voyant même un instant dans cette rénovation une « révolution démocratique ». « Nous ne nous préparons pas seulement à succéder à l’UMP, mais à réparer la France », a-t-elle lancé. « La rénovation [du PS] prend tout son sens face au régime que met en place le président de la République. Face au régime des excès et des confusions des rôles, nous travaillons à une rénovation démocratique qui dépasse très largement notre parti et s’adresse aux Français » , a aussi déclaré la Première secrétaire, en opposant à l’UMP qui « abîme la démocratie » un PS qui « se propose de la reconstruire ».
Et pour bien marquer qu’il se tourne désormais vers 2012, le PS a inauguré sa nouvelle identité musicale. « Il est temps de tourner la page », proclame dans sa première strophe cette chanson écrite et composée par un auteur-compositeur belge.