Parutions
dans l’hebdo N° 1111 Acheter ce numéro
Machiavel
Hubert Prolongeau, inédit, Gallimard, « Folio », 240 p., 7,70 euros.
Attribue-t-on la bonne connotation au terme « machiavélisme » ?
La définition de l’attitude perfide, rusée et artificielle est-elle méritée ? Hubert Prolongeau tente de rectifier ces idées reçues dans sa biographie de l’auteur italien, qui, aujourd’hui, est souvent blâmé et interprété
à tort. Le journaliste
et écrivain,
à travers
un morcellement de la vie de Machiavel, décrit le personnage non comme un philosophe mais comme « un homme politique soucieux du bien public » . On retrouve dans le livre le récit de la vie politique et diplomatique de Florence, berceau de la pensée machiavélienne. Le lecteur sera familiarisé avec l’aspect politique du parcours de Machiavel pour comprendre le fondement de sa thèse et, enfin, rendre au « machiavélisme » tout son sens.
Libertude, égalitude, fraternitude.
Un conte de fées
Christophe Alévêque,
Hugues Leroy, Noca éditions, 302 p., 16 euros.
C’est affaire d’imagination. Ségolène Royal élue le dimanche 6 mai 2007, avec 54,1 % des voix. Ce soir-là, elle est au Fouquet’s de Melle. Nicolas Sarkozy s’est replié dans un petit village de Hongrie. Les cadors de l’UMP sont dépités. Éric Woerth déchire son carnet de chèques ; Jean-Louis Borloo boit. Dans quelques jours, BHL sera porte-parole de l’Élysée, DSK Premier ministre d’un gouvernement partagé entre « parité, ouverture, diversité et inconnus », pendant que Villepin fonde « Vent d’espoir ». Aux législatives qui suivent, les voix du Point G (centristes ségolistes) apportent la majorité absolue au PS. Du 6 mai 2007 au 13 mai 2010, Christophe Alévêque, Hugues Leroy ont imaginé ce que serait la présidence si Ségolène Royal l’avait emporté. Un essai tragicomique hilarant (et cinglant) nourri d’inventions et puisant dans la presse ( le Monde, Libération, Marianne, Politis) .
L’Atlantique noir. Modernité et double conscience
Paul Gilroy, traduit de l’anglais par Charlotte Nordmann, éditions Amsterdam, 336 p., 21 euros
Ouvrage majeur des postcolonial studies, l’Atlantique noir est, en quelque sorte, une étude de l’envers de « notre » modernité, celle de l’Occident blanc. Refusant toute ethnicisation de l’identité noire, Paul Gilroy, enseignant à la London School of Economics , montre combien cette identité s’est formée et continue d’évoluer de façon complexe à travers un « espace transnational » sans cesse en transformation depuis le XVIIe siècle, celui de « l’Atlantique noir », caractérisé par la multiplicité des cultures : africaine, américaine, caribéenne ou britannique. Constitué à partir de la traite négrière, « partie intégrante de la civilisation occidentale » au caractère fondamentalement moderne, ce vaste espace voit se développer les échanges d’idées, d’hommes et de productions culturelles par des allers-retours en tous sens. Gilroy étudie ainsi la littérature, depuis W.E.B. Du Bois à Richard Wright, mais aussi Hegel et Walter Benjamin, et donne une place essentielle pour le développement de l’identité noire au cinéma (Spike Lee) et surtout aux musiques noires, du jazz à Jimi Hendrix. Voyage dans le temps et l’espace, cet ouvrage
est aussi une critique du nationalisme, de l’afrocentrisme et de « l’idée de tradition ». Un livre à nouveau disponible en français grâce à une nouvelle traduction remarquable de Charlotte Nordmann.