« Quand on prend l’avion, on triche »
On peut voyager très loin autrement que par les airs. Par souci écologique mais aussi pour se pénétrer des lieux traversés, faire des rencontres, savourer le temps qui passe.
dans l’hebdo N° 1112-1114 Acheter ce numéro
Cinq escales. C’est ce que réalise un voyageur désirant se rendre en train de Paris à Moscou. Metz, Berlin, Brest (Biélorussie), Minsk et Smolensk. Soit un voyage de plus de 46 heures. Deux changements seulement pour un Paris-Istanbul, à Stuttgart et Belgrade, pour une durée quasi équivalente. Une folie pour certains, la véritable aventure pour d’autres.
Pour leur voyage de noces, Jérémie Mercier et sa femme sont partis de Londres pour atteindre le village de Tozeur, aux portes du Sahara tunisien. Il leur a fallu trois semaines pour faire l’aller-retour en train, bateau et taxi collectif. Jérémie Mercier prépare une thèse en politique de l’environnement, mais ce n’est pas uniquement par souci écologique qu’il préfère se passer de l’avion. « Quand on prend l’avion, on triche , explique-t-il. Lorsqu’on en descend, c’est très brutal. On a l’impression d’entrer dans un film. Alors qu’avec le train, on voit changer le paysage au fur et à mesure. On entre petit à petit dans le vif du sujet. Et on traverse une multitude de lieux où l’on ne se serait pas arrêté sinon. » Comme Rome, Tunis, Venise, l’Etna, dont les visites et l’ascension ont égrené leur voyage. Et puis le train est un lieu d’exotisme. « On a rencontré beaucoup d’Italiens qui nous ont parlé de leur pays. C’était une entrée particulière dans leur culture. »
L’avion a complètement réduit la notion de distance et modifié le projet de « partir en voyage ». Cependant, effectuer des périples sans avion exige du temps et un budget plus important. Le trajet des Mercier a coûté près de 475 euros par personne. Il faut compter 666 euros par personne pour un aller-retour Paris-Moscou en compartiment trois lits. Des tarifs qui peuvent dissuader les plus écolos des globe-trotteurs face à la concurrence des vols low cost. De quoi évacuer le trajet du voyage, et le réduire au simple déplacement.