Répression, protestations

On peut dire que la violente répression à l’égard des Roms au cours de cet été n’a pas manqué de délier les langues. Avec son échelle de surprises. Il ne fallait rien attendre de moins populiste chez Nadine Morano, secrétaire d’État à la Famille, interrogée au micro d’Europe 1 sur l’avenir des enfants expulsés bien que scolarisés dans l’Hexagone mais qui, qu’on se rassure, « seront scolarisés dans leur pays d’origine. Il n’y a pas des écoles qu’en France » . D’autant que « les enfants ne doivent pas servir d’alibis pour rester en France ou être utilisés pour des trafics ou la mendicité » . Avant de rappeler que « certains enfants sont sous cachets pour être un petit peu endormis ». Une observation ahurissante dans la droite ligne élyséenne, tandis que Brice Hortefeux et Éric Besson maintiennent leurs positions. Le premier assurant être «  respectueux des droits individuels »,
le ministre de l’Intégration arguant sur France Inter que « la France prend plus que sa part à la fraternité universelle ».

Pour le reste, face à cette politique répressive, le concert est unanime. Dominique de Villepin dénonce dans le Monde « une tache de honte sur notre drapeau » , Cécile Duflot dit éprouver
« un véritable haut-le-cœur » , sur RMC, tandis qu’Arnaud Montebourg parle,
sur RTL, de « racisme officiel, de “frontnationalisation” de la politique gouvernementale » . Le gouvernement s’est même vu tacler par Manuel Valls, qui n’est pourtant pas le plus laxiste côté sécurité et qui s’y entend sérieusement en matière d’expulsion de Roms dans sa municipalité d’Évry, dénonçant au JDD « une politique honteuse » qui « oppose les Français entre eux, les Français aux étrangers » . Dimanche 22 août, le père Arthur Hervet, officiant à Lille, renvoyait au ministre de l’Intérieur sa médaille de chevalier de l’ordre du mérite en guise de protestation. Mieux encore : ce même dimanche, lors de l’angélus, en français dans le texte, le pape Benoît XVI a appelé à « accueillir les légitimes diversités humaines » . Une allusion à peine voilée. Valls et Benoît XVI. La coupe (ou le calice) est plein(e).