Un rebelle du chapiteau

En contant l’histoire de la troupe Dromesko et de son fondateur Igor, Jean-Pierre Thibaudat ne souligne pas assez combien le renouveau du théâtre forain est venu de faux gitans : Bartabas est fils d’architecte, Igor de médecin. Ces nomades n’ont rien à ­craindre de Sarkozy et d’Hortefeux ! Mais le propos du livre Dromesko, souvenirs d’Igor cherche surtout à donner une photographie sensible d’une aventure singulière – photographie écrite, bien sûr, illustrée de documents forts en atmosphères. C’est aussi un ouvrage lié à l’architecture, puisqu’il n’oublie pas le concepteur des constructions Dromesko, l’architecte Patrick Pouchain.

Dromesko mérite cet hommage, car c’est un peu l’oublié dans l’histoire des rebelles du chapiteau, du moins son concepteur et animateur, Igor. Tout part du cirque Aligre, qui va devenir cirque Zingaro. Bartabas en est l’âme, mais Igor également. Il y a là d’autres artistes qui, comme eux, ont rejeté la bourgeoisie : Branlo, Martex, Paillette, et puis Lily, belle chanteuse qui va devenir la femme d’Igor.
La troupe s’entend pendant quelques années, puis c’est le clash. Igor et Bartabas se séparent. Toute la gloire rejaillit sur le second. Le premier crée la volière Dromesko, puis le théâtre Dromesko, du côté de Rennes et du Théâtre national de Bretagne. C’est une épopée moins spectaculaire et fort belle, dont Thibaudat s’est fait le chroniqueur subtilement amoureux.