Affronter les poisons modernes

Patrick Piro  • 23 septembre 2010 abonné·es

Les perturbateurs endocriniens (PE) sont peut-être la cause d’une crise sanitaire massive, et il faut d’urgence changer d’approche pour réduire les risques liés à ces « poisons modernes » qui polluent l’environnement. C’est le lourd message lancé par des chercheurs, des professionnels de santé et des politiques mercredi 15 septembre à Paris lors d’un colloque organisé par le Réseau environnement santé (RES).

Pesticides, dioxines, phtalates (cosmétiques), bisphénol A (BPA, plastiques alimentaires), résidus de médicaments, etc. : on a identifié environ 500 de ces PE capables de dérégler le système hormonal, absorbés par l’eau, les aliments, le cordon ombilical. Ils sont soupçonnés depuis vingt ans déjà d’être associés à la baisse de la fertilité, à la précocité de la puberté, au déclenchement de diabètes, de cancers, de troubles du comportement, etc.
Agissant indépendamment de la dose absorbée, ces molécules sont souvent exonérées de responsabilité dans les causes d’une maladie. C’est cette approche classique que RES appelle à revoir. Car le rôle des PE est prouvé sur les animaux et, si l’on manque de preuves formelles chez l’humain, « les évidences scientifiques sont écrasantes » , appuie André Cicolella. Président du RES, il a souligné l’évolution des responsables sanitaires présents à la tribune – Plan national santé environnement, agences de sécurité sanitaire (Afssaps, Anses, qui fusionne l’Afssa et l’Afsset). «  Il n’est désormais plus réfutable que les PE soient une clé de compréhension des grandes maladies chroniques. »

Confirmation peut-être fin 2010, avec un nouveau rapport de l’Anses sur le BPA, dont le Parlement a voté en juin l’interdiction dans les biberons dès 2011. Nous saurons prendre nos responsabilités, commente en substance Gérard Lasfargues, nouveau directeur adjoint de l’Anses. « Je revendique totalement le principe de précaution, le scientifique ne peut pas rester neutre. »

Écologie
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Une proposition de loi surfe sur la colère agricole pour attaquer violemment l’environnement
Environnement 19 novembre 2024 abonné·es

Une proposition de loi surfe sur la colère agricole pour attaquer violemment l’environnement

Deux sénateurs de droite ont déposé une proposition de loi « visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur ». Mégabassines, pesticides, etc. : elle s’attaque frontalement aux normes environnementales, pour le plus grand bonheur de la FNSEA.
Par Pierre Jequier-Zalc
« L’élection de Trump tombe à un très mauvais moment pour le climat »
Entretien 13 novembre 2024 abonné·es

« L’élection de Trump tombe à un très mauvais moment pour le climat »

Climatosceptique de longue date, Donald Trump ne fera pas de l’écologie sa priorité. Son obsession est claire : la productivité énergétique américaine basée sur les énergies fossiles.
Par Vanina Delmas
« Des événements comme la COP 29 n’apportent pas de transformations politiques profondes »
Entretien 8 novembre 2024 abonné·es

« Des événements comme la COP 29 n’apportent pas de transformations politiques profondes »

Le collectif de chercheurs Scientifiques en rébellion, qui se mobilise contre l’inaction écologique, sort un livre ce 8 novembre. Entretien avec un de leur membre, l’écologue Wolfgang Cramer, à l’approche de la COP 29 à Bakou.
Par Thomas Lefèvre
Clément Sénéchal : « Les gilets jaunes ont été le meilleur mouvement écolo de l’histoire récente »
Entretien 6 novembre 2024 libéré

Clément Sénéchal : « Les gilets jaunes ont été le meilleur mouvement écolo de l’histoire récente »

L’ancien chargé de campagne chez Greenpeace décrypte comment la complicité des ONG environnementalistes avec le système capitaliste a entretenu une écologie de l’apparence, déconnectée des réalités sociales. Pour lui, seule une écologie révolutionnaire pourrait renverser ce système. 
Par Vanina Delmas