Affronter les poisons modernes
dans l’hebdo N° 1119 Acheter ce numéro
Les perturbateurs endocriniens (PE) sont peut-être la cause d’une crise sanitaire massive, et il faut d’urgence changer d’approche pour réduire les risques liés à ces « poisons modernes » qui polluent l’environnement. C’est le lourd message lancé par des chercheurs, des professionnels de santé et des politiques mercredi 15 septembre à Paris lors d’un colloque organisé par le Réseau environnement santé (RES).
Pesticides, dioxines, phtalates (cosmétiques), bisphénol A (BPA, plastiques alimentaires), résidus de médicaments, etc. : on a identifié environ 500 de ces PE capables de dérégler le système hormonal, absorbés par l’eau, les aliments, le cordon ombilical. Ils sont soupçonnés depuis vingt ans déjà d’être associés à la baisse de la fertilité, à la précocité de la puberté, au déclenchement de diabètes, de cancers, de troubles du comportement, etc.
Agissant indépendamment de la dose absorbée, ces molécules sont souvent exonérées de responsabilité dans les causes d’une maladie. C’est cette approche classique que RES appelle à revoir. Car le rôle des PE est prouvé sur les animaux et, si l’on manque de preuves formelles chez l’humain, « les évidences scientifiques sont écrasantes » , appuie André Cicolella. Président du RES, il a souligné l’évolution des responsables sanitaires présents à la tribune – Plan national santé environnement, agences de sécurité sanitaire (Afssaps, Anses, qui fusionne l’Afssa et l’Afsset). « Il n’est désormais plus réfutable que les PE soient une clé de compréhension des grandes maladies chroniques. »
Confirmation peut-être fin 2010, avec un nouveau rapport de l’Anses sur le BPA, dont le Parlement a voté en juin l’interdiction dans les biberons dès 2011. Nous saurons prendre nos responsabilités, commente en substance Gérard Lasfargues, nouveau directeur adjoint de l’Anses. « Je revendique totalement le principe de précaution, le scientifique ne peut pas rester neutre. »