Courrier des lecteurs n° 1117

Politis  • 9 septembre 2010 abonné·es

La droite est bien fidèle à elle-même et à ses dogmes. La rentrée scolaire 2010 est sous le signe des suppressions de postes mais aussi de la suppression des IUFM. En 1940, l’un des premiers actes du régime de Pétain fut de fermer les écoles normales d’instituteurs. Décidément, on ne se refait pas !

J.-P. Lacombe (78)


En lisant le  Canard enchaîné du 25 août, j’ai écarquillé les yeux : « Le pacte secret Delanoë-UMP qui doit sauver Chirac ». Les avocats de la Mairie de Paris, de l’UMP et de Chirac tiennent conciliabule et concoctent depuis plusieurs mois un marché nauséabond : « Bertrand, on te rembourse les 2,2 millions d’euros de la facture des emplois fictifs (3/4 pour l’UMP, 1/4 pour Supermenteur), et toi, en échange, tu retires ta constitution de partie civile, ça marche ? – Oui, oui, mais il faut que je fasse voter cela au Conseil de Paris, attendez ! – Ce n’est qu’une formalité, l’UMP votera pour, tes socialos aussi. Même si les Verts et les cocos votent contre, on a la majorité, non ? – Pas si vite, la pilule va être dure à faire avaler à l’opinion, mes chers ! – L’opinion, on s’en fout un peu, non ? Dans quelques jours, on n’en parlera même plus. »

La pilule ne passe pas, en effet. Même si elle est légale, elle n’en est pas pour autant légitime au regard d’un bon fonctionnement de la démocratie. Il ne me reste guère d’illusions sur le cynisme de la gente éléphantesque socialiste, mais voici encore un bel exemple d’entente entre puissants pour s’assurer l’impunité de l’un d’entre eux : un président en exercice volant au secours de son prédécesseur en lui proposant de faire rembourser par leur parti (le RPR étant devenu l’UMP) une bonne part de sa prise illégale d’intérêt, sous l’œil bienveillant du maire de la capitale, censé représenter l’opposition et qui accepterait de retirer sa plainte, ce qui rendrait sans objet le jugement du tribunal, il y a quand même de quoi tiquer, non ? Car, enfin, les citoyens que nous sommes devraient avoir le droit de connaître les tenants et les aboutissants de cette affaire par le biais d’un procès équitable et transparent. Dix-huit ans après les faits, c’est bien le moins que l’on puisse demander, non ? C’est cela aussi, la démocratie. Ou du moins cela devrait l’être. Si Voltaire avait vécu à notre époque, il aurait pu faire dire à Candide que notre République pouvait être affublée de l’adjectif « bananière ». Des journaleux aux ordres viendront ensuite nous expliquer qu’en attaquant le personnel politique on tombe dans le populisme, mais ne pas réagir à ce marché de dupes, c’est tout accepter. Je vois deux messages dans cette affaire, aussi désastreux l’un que l’autre pour la démocratie.

Le premier est délivré aux puissants et aux notables : « Allez-y, puisez dans l’argent public pour votre compte personnel ou celui de votre parti, n’ayez pas peur. Si vous vous faites pincer et traduire en justice, on fera traîner l’affaire et, au bout du compte, on trouvera bien un arrangement pour vous blanchir. » On appelle cela la délinquance en col blanc.
Le second s’adresse implicitement aux citoyens et électeurs de la France d’en bas : « Vous ne croyiez tout de même pas qu’on allait vous jeter en pâture un ancien président ? Il a beau être menteur et pas très propre sur lui, c’est quand même un ancien président de la république frââânçaise, mes chers compatriotes. Non, je vous en prie, assez de pipolisation de la vie politique. » Ne nous étonnons pas, dans ces conditions, du désamour croissant entre les citoyens et les politiques, et des taux d’abstention de plus en plus importants aux élections. Quelles seront les positions des Verts et du PC au Conseil de Paris quant à cette décision ? Leurs votes seront riches d’enseignement.

Et voilà ! Ni vu ni connu j’t’embrouille. Aux calendes grecques, les autres casseroles de Chirac, les rétrocommissions de la campagne Balladur en 1995, le scandale Woerth-Bettencourt, et j’en passe… Autant d’affaires où « le Petit Père des riches » (comme le nomme Bernard Langlois) a trempé de près ou de loin. Consternant pour le citoyen épris de justice et d’éthique.

Jean-Yves Vlahovic,
Saint-Léger-les-Vignes (44)


Si DSK présente sa candidature à l’élection présidentielle de 2012, en aucun cas je ne soutiendrai le patron du FMI, et je n’imagine pas un instant que DSK puisse représenter la gauche dans notre pays. […] Son bilan au FMI n’est pas de gauche. Il aggrave la traditionnelle politique de brutalité sociale et d’aide à la prédation financière de ses prédécesseurs ; un homme de droite ne s’y prendrait pas autrement. Dans tous les pays où le FMI est passé, de la Lettonie à la Roumanie, en passant par la Hongrie ou la Grèce, son intervention s’est traduite par une diminution du nombre de fonctionnaires, des coupes dans les salaires, l’augmentation de l’âge de départ à la retraite et des impôts indirects. Comme redistribution keynésienne, pardon, mais il y a mieux ! Je déteste ce terrorisme intellectuel qui veut interdire le moindre débat parce que le PS aurait une collection de vaches sacrées que nous devrions faire mine d’admirer le moment venu. Strauss-Kahn est un candidat potentiel du PS. Or, le PS est encore le premier parti de l’opposition dans les sondages. Tout le monde à gauche doit pouvoir dire ce qu’il en pense. Nous préparons une élection, pas un sacre.

Je plaide pour une vraie rupture, qui consisterait à reprendre le pouvoir à la finance. De gré, si possible. De force, sinon, par le biais de la loi. Il faudra, entre autres, constituer un pôle financier public. Dans cette période de nécessaire confrontation avec la finance mondiale, la question est de savoir qui aura suffisamment de cran pour entrer dans un rapport de force. Un responsable qui aura été pendant cinq ans l’organisateur en chef des politiques d’austérité dans tous les pays ne me semble pas le mieux placé pour faire exactement l’inverse, au nom de la France.
Ce serait le pire des choix si, en 2012, on devait opter entre deux candidats libéraux qui ont approuvé et voté le traité de Lisbonne. Traité ratifié par la France, comme on s’en souvient, en faisant fi du résultat du référendum sur le traité constitutionnel européen.

Serge Fournier


« Le Président est mort » ! À la lecture du titre du roman de Pierre Maraval, je me suis surpris à esquisser un sourire mortifère, avant de me remémorer les propos du père Arthur Hervet, prêtre lillois et défenseur des Roms, affirmant qu’il prierait pour une crise cardiaque de Nicolas Sarkozy et regrettant aussitôt ses propos. Tragique mais éloquent, tant le chef de l’État est désormais perçu comme le chef d’un clan, d’une coterie, et non comme le président des Français. Pis, la France apparaît aujourd’hui crispée, fragilisée, divisée, fragmentée. La haine est-elle donc à ce point contagieuse ?

Laurent Opsomer


Après avoir lu « Le geste utile »
intitulé « Semer ses livres » dans le n° 1116 de Politis , je voudrais vous signaler l’existence de « Circul’Livre », qui compte une quarantaine de points d’échange dans Paris, dont 14 dans le XIIe arrondissement. Le point dans notre résidence (107, rue de Reuilly, 500 appartements) a reçu plus de 2 000 livres de la part des habitants, une permanence est tenue tous les lundis de 18 h à 20 h. Aucun enregistrement, aucune date limite, l’essentiel est que le livre circule. Une grosse étiquette « Circul’Livre » dissuade de revendre l’ouvrage. Culture et convivialité. Les autres points, souvent une table sur un marché, présentent moins de livres à la fois mais les renouvellent. On peut prendre un livre à un endroit, le rendre à un autre.
Renée Gerday

P.-S. : au 107, rue de Reuilly, nous avons aussi une opération « compost », un jardin collectif et deux ruches.

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