L’écologie en sourdine
Contradiction de l’ère Lula : l’environnement est considéré comme un empêcheur de croissance.
dans l’hebdo N° 1120 Acheter ce numéro
Autorisations d’OGM, développement considérable de l’agriculture intensive et de la consommation de pesticides, autorisation de relancer le nucléaire, multiplication des infrastructures (routes, barrages…), et bien sûr déforestation : au cours des huit dernières années, le Brésil a montré de piètres résultats en matière d’environnement. La conjoncture économique très favorable a poussé le gouvernement à favoriser l’extension des productions d’exportation – soja, élevage bovin, plantes à agrocarburants, etc. Pas de mystère pour Sérgio Leitão, directeur des campagnes de Greenpeace-Brésil : « L’objectif prioritaire de Lula, c’était une croissance rapide et des emplois. Dès lors, l’environnement s’est affiché comme un ralentisseur de développement, une restriction du potentiel du pays. »
Un témoin rapporte que Lula rêva un jour de 2006 devant Marina Silva, sa ministre de l’Environnement de l’époque, « que tous les Brésiliens aient une voiture et la clim’ » ! « Alors il va falloir songer à inonder toute la forêt sous des lacs de barrage » , lui a rétorqué Marina Silva.
L’exploitation de l’Amazonie est au centre des débats, par son immensité et l’intérêt que lui porte la communauté internationale. Lula s’est engagé d’ici à 2020 à réduire la déforestation de 80 %, ainsi qu’à une forte diminution des émissions de gaz à effet de serre. De fait, le ralentissement des coupes amazoniennes se confirme : 7 500 km2 en 2009, soit près de quatre fois moins qu’en 2004. Pour Sérgio Leitão, c’est le signal que le pouvoir a compris le risque politique de négliger ce dossier chaud. « Dilma Rousseff nous a indiqué qu’elle n’autoriserait pas de nouvelles aires de défrichage. »