L’écologie en sourdine

Contradiction de l’ère Lula : l’environnement est considéré comme un empêcheur de croissance.

Patrick Piro  • 30 septembre 2010 abonné·es

Autorisations d’OGM, développement considérable de l’agriculture intensive et de la consommation de pesticides, autorisation de relancer le nucléaire, multiplication des infrastructures (routes, barrages…), et bien sûr déforestation : au cours des huit dernières années, le Brésil a montré de ­piètres résultats en matière d’environnement. La conjoncture économique très favorable a poussé le gouvernement à favoriser l’extension des productions d’exportation – soja, élevage bovin, plantes à agrocarburants, etc. Pas de mystère pour Sérgio Leitão, directeur des campagnes de Greenpeace-Brésil : « L’objectif prioritaire de Lula, c’était une croissance rapide et des emplois. Dès lors, l’environnement s’est affiché comme un ralentisseur de développement, une restriction du potentiel du pays. »
Un témoin rapporte que Lula rêva un jour de 2006 devant Marina Silva, sa ministre de l’Environnement de l’époque, « que tous les Brésiliens aient une voiture et la clim’ »  ! « Alors il va falloir songer à inonder toute la forêt sous des lacs de barrage » , lui a rétorqué Marina Silva.

L’exploitation de l’Amazonie est au centre des débats, par son immensité et l’intérêt que lui porte la communauté internationale. Lula s’est engagé d’ici à 2020 à réduire la déforestation de 80 %, ainsi qu’à une forte diminution des émissions de gaz à effet de serre. De fait, le ralentissement des coupes amazoniennes se confirme : 7 500 km2 en 2009, soit près de quatre fois moins qu’en 2004. Pour Sérgio Leitão, c’est le signal que le pouvoir a compris le risque politique de négliger ce dossier chaud. « Dilma Rousseff nous a indiqué qu’elle n’autoriserait pas de nouvelles aires de défrichage. »

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