Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?
dans l’hebdo N° 1119 Acheter ce numéro
J’ai demandé une augmentation au chef Sieffert : si tu pouvais m’ajouter quelques zéros après le 100, j’ai dit, ça nous ferait un compte bien rond, et je pourrais enfin m’acheter le roman de la rentrée.
Faut voir, il a répondu – et là, j’ai bien senti que l’ajout de ces quelques zéros ne lui posait pas de problème en soi, mais qu’il préférait, quant à lui, me les mettre avant le 100, c’est fou, quand t’y penses, comme le point de vue change, suivant que t’es l’employeur ou l’employé.
Je voudrais par conséquent, et si tu permets – de même, d’ailleurs, que si tu ne permets pas, vu que, sincèrement, qu’est-ce que tu vas faire ? Tu vas me confisquer mon stylo ? –, m’adresser ici au chef Sieffert : qu’est-ce que c’est que cette histoire de référendum sur les retraites, [nom de Dieu] f or God’s sake ?
On a en face de nous le plus éprouvant régime qu’on ait connu depuis l’entrée de la 2e DB dans Paris – un gouvernement de guerre sociale (GDGS) dont le passe-temps, depuis trois ans, est de mettre des coups de masse dans nos ultimes sécurités (sociales, itou), et dont ces jours-ci la mère de tous les combats est dans le démantèlement des retraites –, et nous, on va lui demander un référendum ?
Les mecs se pointent avec des canons lourds, et on leur propose un pique-nique ? Avec des « socialistes », qui plus est ? Avec les mêmes « socialistes » – écoute-les, on dirait le docteur Doxey narrant son élixir – qui vont désormais jurant que, si qu’on leur donne des votes, ils remettront la retraite à 60 ans (mais pas complètement, puisque sa « réforme » est de leur point de vue, comme du point de vue de Chérèque & Fillon, « nécessaire » ) ?
Effet immédiat – même le Monde s’en est aperçu : les salarié(e)s se démobilisent, tenté(e)s de croire qu’on les rasera demain gratis, et que les gentils « socialistes » rattraperont le coup en 2012.
On va demander un référendum avec Ségolène Royal ? (On parle bien de la même ?)
Et si nous demandions plutôt une bonne vieille grève générale ? Ça serait d’un plus rapide effet sur la négociation, et ça nous laisserait du temps pour signer l’engagement que jamais plus nous ne voterons pour des « socialistes », fût-ce au prétexte qu’il faut bouter le Pénible – et que plus jamais nous n’entrerons avec eux dans « un combat commun » (comme a dit ce week-end à la Fête à Neu-Neu l’inénarrable Mélenchon), vu qu’à la fin ?
C’est toujours le Medef qui gagne.
La gentillesse référendaire, avec les kozystes – l’urbanité ?
On est venu(e)s, on a vu, on a perdu : ça ne marche tout simplement pas.
Et sinon, pour mon augmentation : le « oui » l’emporte si nettement qu’on dirait un plébiscite.
Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.