L’affaire de Karachi, suite…
dans l’hebdo N° 1123 Acheter ce numéro
Qualifiée de « fable » par Nicolas Sarkozy, l’affaire de Karachi est sans doute la plus fâcheuse, parmi quelques autres,
pour le président de la République.
Elle a rebondi ces jours-ci. On se souvient qu’un attentat avait, en mai 2002,
coûté la vie notamment à onze ingénieurs français en mission à Karachi.
Après que l’on eut tenté d’égarer l’opinion et la justice en incriminant Al-Qaïda,
la pugnacité des familles des victimes
et du juge antiterroriste Marc Trévidic avaient conduit l’enquête vers une tout autre piste : celle d’une vengeance
des services pakistanais après la décision de la France d’interrompre le paiement
de commissions à des intermédiaires
qui avaient favorisé la signature
d’un contrat de livraison de sous-marins.
Mais l’enquête devait ensuite mettre
en lumière un autre versant de l’affaire avec le probable versement
de rétrocommissions à des personnalités politiques françaises. Le soupçon
s’est rapidement porté sur le financement de la campagne d’Édouard Balladur,
en 1995. Un financement dont s’était occupé le ministre du Budget de l’époque, un certain Nicolas Sarkozy.
Dans une ordonnance datée du 6 octobre, le juge Renaud Van Ruymbeke s’est estimé compétent pour mener l’enquête
sur ce volet du dossier. Or, le Parquet, autrement dit, le ministère de la Justice, vient de faire appel contre cette saisine.
Pour être clair, le gouvernement
ne souhaite pas qu’une instruction soit ouverte dans cette direction.
Le 13 octobre, le député-maire socialiste de Cherbourg, Bernard Cazeneuve, rapporteur d’une mission parlementaire sur cette affaire, s’est inquiété d’une possible « entrave » à la justice. Ce que nie, comme on l’imagine, la garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie. Il reviendra à la cour d’appel de Paris de décider si oui
ou non le juge Van Ruymbeke peut
se saisir du dossier.