Plus déterminés que jamais
La perspective de la mobilisation du 12 octobre incite les syndicats de certains secteurs de l’économie à durcir le mouvement.
dans l’hebdo N° 1121 Acheter ce numéro
L’intersyndicale nationale [^2] a martelé lundi soir ce message : le mouvement ne faiblit pas contre le projet gouvernemental de réforme des retraites. Elle a aussi unanimement dénoncé le « mépris » du gouvernement, restant « campé sur son intransigeance » . Les huit organisations ont confirmé la nouvelle journée de grèves et de manifestations du 12 octobre, qui sera la sixième du genre lancée par l’intersyndicale nationale. Ce mouvement, qui a démarré en mars, est monté crescendo et prend désormais des voies nouvelles. La grève illimitée, annoncée lundi par la CGT, FO et SUD à la RATP, à partir du 12 octobre est un des nombreux signaux lancés sur le terrain par les syndicats et les salariés.
Plus de deux heures de réunion ont été nécessaires pour accoucher d’un communiqué de l’intersyndicale, que FO n’a pas signé, en retrait par rapport aux appels au durcissement du mouvement lancés en région par des intersyndicales et quelques fédérations. Les syndicats veulent toujours préserver l’unité et ont dû accepter un nouveau compromis, la CFDT et la CFE-CGC redoutant les mots d’ordre de grèves reconductibles et les menaces de la CGT. « Le 12 ne suffira pas. Et on n’évacue pas la grève » , a lâché Nadine Prigent, secrétaire confédérale de la CGT, une idée que le numéro deux de la CFDT, Marcel Grignard, a rejetée « pour conserver une assise populaire importante » et prendre ses distances avec des mouvements de grèves prévus au-delà du 12 octobre. Il s’agit selon lui de « frapper un grand coup le 12 octobre » et de « déjouer tous les pièges que tend le gouvernement » , qui « tente de jouer la radicalité » .
De leur côté, la FSU et Solidaires, très remontés, ont appelé de leurs vœux à ne pas attendre le 12 pour décider de grèves reconductibles dans tous les secteurs. FO a, pour sa part, réclamé le retrait du projet de loi, soutenu la journée du 12 et appelé à une journée de grève franche dans tous les secteurs le 13 octobre. Pour poursuivre l’élargissement de la mobilisation, la CGT a invité l’ensemble des salariés à débattre dans les territoires et dans les entreprises de nouvelles actions unitaires. Et la confédération a réuni mardi les fédérations pour en tirer les conclusions, ce qui explique la nouvelle réunion du vendredi 8 octobre fixée par l’intersyndicale pour faire le point sur l’après-12 octobre.
Bernard Thibault a prédit une « crise lourde » si le gouvernement persiste à maintenir sa réforme. « Dans certains secteurs, les salariés sont disponibles pour des grèves qui ne se limiteront pas à vingt-quatre heures » , a menacé le secrétaire général de la CGT. Lundi après-midi, le coordinateur CGT du groupe Total, Charles Foulard, a estimé que l’opposition à la réforme des retraites devait désormais passer par une grève reconductible et que cette éventualité serait proposée le 12 octobre dans la branche pétrochimique. Les syndicats CGT de plusieurs entreprises pétrolières de la région de Marseille (Total, Esso, LyondellBasel, Ineos et Arkema) ont annoncé des actions d’ici au 12, sur le thème des retraites et de la défense de l’emploi dans l’industrie pétrolière.
À la SNCF, les principaux syndicats (CGT, CFDT, Unsa, SUD-Rail) devaient décider mercredi des modalités d’action pour le 12 octobre, et plusieurs organisations ont proposé d’organiser des assemblées générales pour décider de la reconduction. « Si le gouvernement continue de mépriser les millions de manifestants qui s’opposent à sa réforme, de vouloir passer en force et de ne pas entendre, il faut hausser le ton et être en capacité d’offrir un autre cadre plus permanent, plus long à la mobilisation » , a indiqué Didier Le Reste, secrétaire général de la fédération des cheminots CGT, qui tiendra son congrès en novembre.
L’intersyndicale nationale estime que Nicolas Sarkozy n’a pas pris la mesure des mobilisations contre la réforme des retraites. Elle avait adressé un message d’avertissement au gouvernement dès le 24 septembre : la journée de grèves et de manifestations du 12 octobre « trouvera toute sa place pour amplifier la mobilisation dans le cas où les parlementaires ne prendraient pas en compte ce qui s’est exprimé dans l’action et si le gouvernement restait intransigeant. Le gouvernement porterait l’entière responsabilité des suites que les salariés et leurs organisations entendront donner au 12 octobre » . Depuis lundi, les responsables syndicaux n’ont de cesse de dénoncer le comportement « inacceptable » du gouvernement.
[^2]: CGT, CFDT, CFE-CGC, CFTC, FO, FSU, Solidaires et Unsa.