Pour une éducation au changement
Des citoyens de multiples provenances proposent un « Pacte pour une société éducatrice décentralisée » pour faire face aux problèmes que posent les crises écologique et économique.
dans l’hebdo N° 1124 Acheter ce numéro
Les personnes et associations signataires du Pacte partagent l’analyse suivante :
– la crise économique démasque le vrai visage du capitalisme ;
– la crise écologique dévoile des menaces nombreuses et bien réelles qui sont liées au gaspillage des ressources, aux changements climatiques, etc. ;
– l’opinion publique commence à admettre que nous devons sortir de l’ère du profit, source commune de ces deux crises, à s’indigner des inégalités sociales qui progressent dans tous les pays et entre les pays.
Elles considèrent :
– que la mobilisation de toutes les intelligences, et en particulier celles de la jeunesse, va constituer la principale solution pour affronter les immenses difficultés et les changements profonds dans les modes de vie qui se profilent ;
– que cette mobilisation ne peut s’opérer dans un système éducatif tout entier tourné vers la compétition, la sélection, l’individualisme, la course aux diplômes pour les uns et l’exclusion pour les autres ;
– que la destruction systématique des services publics et particulièrement de l’école doit se combattre en se tournant résolument vers l’avenir et non en mythifiant le passé et en rêvant d’une nouvelle « réforme ».
En conséquence, il faut :
– mettre en recherche les volontés de changement existant dans le système éducatif actuel et celles existant dans la société civile ;
– utiliser tout le potentiel éducatif des activités gérées ou soutenues par les collectivités territoriales, et particulièrement celles qui inventent des réponses aux changements en cours et à venir ;
– impliquer les enfants (écoliers, collégiens, lycéens) dans ces activités et dans ces réponses, et ainsi donner du sens à leurs apprentissages dans la transformation du présent, développer le sens de l’intérêt collectif et en conséquence redonner à tous le désir d’apprendre.
Sur la base de ces objectifs, dans la perspective d’une société éducatrice décentralisée, elles demandent :
– qu’un projet de recherche national de grande ampleur favorise le lancement de multiples « recherches-actions [^2] » associant des collectivités territoriales intéressées et des enseignants volontaires, facilite leur mise en réseau et les fasse connaître afin d’y intéresser un nombre croissant d’enseignants et de collectivités ;
– que ces recherches-actions soient suivies et évaluées d’une manière décentralisée associant divers partenaires locaux (élus, associations de parents, universitaires, éducateurs, équipe enseignante, responsables institutionnels).
Nous comptons déjà parmi les signataires :
Jean Foucambert (pédagogue, chercheur honoraire INRP) ; Pierre Frackowiak (inspecteur honoraire de l’Éducation nationale) ; Philippe Goémé (président de la Fédération des établissements scolaires publics innovants, Fespi) ; Claire Heber-Suffrin (fondatrice des Réseaux d’échanges réciproques de savoirs) ; Bruno Mattéi (président de l’université populaire de Roubaix) ; Philippe Meirieu (pédagogue, vice-président du conseil régional de Rhône-Alpes) ; Hubert Montagner (ancien directeur de recherches à l’Inserm) ; Laurent Mucchielli (sociologue, directeur de recherches au CNRS) ; Marie-Danielle Pierrelée (créatrice de l’Auto-École) ; Alain Refalo (enseignant du primaire en résistance) ; Isabelle Stengers (philosophe des sciences) ; Patrick Viveret (philosophe).
Les signatures peuvent être envoyées à pacte.s.e.d@wanadoo.fr
[^2]: La recherche-action, méthode de recherche scientifique spécifique aux sciences sociales, fondée par Kurt Lewin, impliquant aussi bien le chercheur que les acteurs participant à l’expérimentation.