Un rêve de musicien

« Dream Attic » est le disque d’un artiste exceptionnel qui mériterait une plus large reconnaissance.

Jacques Vincent  • 28 octobre 2010 abonné·es

Richard Thompson fait partie de ces musiciens peu connus du grand public qui ont pourtant derrière eux une carrière considérable et dans laquelle les faiblesses sont rares. Le genre de musicien très apprécié de ses pairs, comme le rappelle encore le nouvel album de Robert Plant, sur lequel une de ses compositions, « House of Cards », s’affiche comme la plus belle réussite dans cette collection de reprises en fin de compte plutôt décevante.

On y verra aussi une forme de fidélité de la part du chanteur de Led Zeppelin, qui avait déjà invité Sandy Denny, la chanteuse de Fairport Convention, sur son quatrième album. Car Richard Thompson est l’un des fondateurs de ce groupe phare du renouveau folk anglais de la deuxième moitié des années 1960. Un mouvement passionnant qui revisitait les racines folks tout en faisant preuve d’une imagination débordante qui, loin de le cantonner dans une sorte de revival, l’amenait à intégrer aussi bien l’électricité ambiante que des instruments et des structures musicales parfois très éloignés de l’Angleterre. Tout cela étant rendu possible par la qualité des musiciens investis dans cette mouvance, aussi bien sur le plan instrumental que sur celui de la composition.

Des qualités qui résument toujours le Richard Thompson d’aujourd’hui ; en témoigne ce disque enregistré en début d’année au cours d’une tournée aux États-Unis, mais entièrement composé de nouvelles chansons. Le souvenir des couleurs folk est encore à l’œuvre dans certaines constructions, ou à travers les rythmes et les sonorités, mais c’est surtout son propre univers et sa vision du monde qui transparaissent dans ces chansons, qu’elles traitent de manière sarcastique de l’omniprésence de l’argent ou des affres du vieillissement.
Le choix de les enregistrer directement au contact du public a été dicté par une volonté avouée de privilégier l’énergie quitte à y perdre en précision – ce qui n’est d’ailleurs pas le cas. Thompson et les musiciens qui l’entourent sont de trop fines lames pour cela. Lui-même montre une fois de plus qu’il est un extraordinaire guitariste, dont les interventions en solo sont comptées, brillantes et toujours plus au service de la musique que de son ego. On en retiendra deux particulièrement remarquables : la montée paroxystique du sombre et douloureux « Crimescene » et l’accélération du très dylanien « Haul Me Up ». Mais c’est l’album entier qui montre qui est Richard Thompson : un grand musicien et un grand monsieur.

Culture
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