Faudra pas venir te plaindre

Sébastien Fontenelle  • 11 novembre 2010 abonnés

Je sais pas si tu te rappelles bien comment c’était, en 2007, quand on avait l’impudente effronterie de suggérer que Sarkozy ne rimait pas nécessairement avec démocratie ? (Quand on osait relever qu’il avait la pénible manie de braconner son électorat dans les marécages pénistes ? Quand on reniflait dans ses parages des remugles d’ancienne droite, circa 1871 – et plus if affinités?)

« Nos » éditocrates jappaient, montraient leurs petits crocs limés, s’offusquant de l’inconvenance de ces procès d’intention, puis remettaient leurs petites langues au fondement de Sarkozy le briseur de tabous , de Sarkozy le décomplexé , de Sarkozy le hardi réformateur – mais qu’il était beau, le Sarkozy, mais qu’il sentait bon le sable chaud, le Sarkozy : un peu vulgaire, des fois (une tendance à dire pauvre con plutôt que vil manant ), mais tellement nouveau, Bruno, qu’on n’allait certes pas se laisser gâcher le délire flagornique par cinquante-cinq gauchistes haineux.

Trois ans plus tard, les mêmes, exactement, trouvent un goût dans la soupe et jugent soudain que « l’honnête homme » , sous le règne du Sarkozy dont ils ont tant flatté la croupe, « doute à raison d’être en démocratie » – merde alors, vivement l’alternance. Pourquoi est-ce intéressant ?

Parce que ces affligeants pitres vont maintenant – c’est commencé – nous refaire le même lourd-métrage qu’en 2007, mais avec dans le rôle-titre, cette fois-ci, non plus Sarkozy, mais Strauss-Kahn.

DSK sauveur de « la gauche », DSK sauveur de la France, DSK et son chaud parfum d’île sous le vent, DSK plébiscité par 165 % des sondé(e)s : on va en bouffer le matin, on va en bouffer à midi, on va en bouffer le soir – et si on a une petite faim sur le coup de minuit, on trouvera DSK planqué dans le frigo, sous la mimolette.

Nous entendrons et lirons les mêmes conneries qu’en 2007, pour la simple et bonne raison que le Parti de la presse et de l’argent (PPA) sait fort bien que les « socialistes » portent la promesse d’une version light des choix de vie dont le sarkozysme aura été, le temps d’une pénible « parenthèse » (Villepin dixit ), une déclinaison hardcore.

Des trois infectes années que nous venons de subir, le Parti de la presse et de l’argent a retenu que l’assujettissement de la plèbe aux volontés du patronat requiert finalement plus de cautèle que n’en a déployé Sarkozy, et s’accommodera fort bien d’un futur où « Brice Hortefeux » se dira « Manuel Valls » ou « François Rebsamen » .

Adoncques, les mêmes qui nous ont vendu Sarkozy vont désormais nous vendre Strauss-Kahn – pour les mêmes raisons, augmentées de l’évidence qu’une réforme antisociale passe toujours mieux quand elle est enrobée dans une épaisse couche de la répugnante mièvrerie sociétale où les « socialistes » expertent : si tu t’y laisses prendre, faudra pas que tu viennes te plaindre.

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De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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