Obama : les causes d’une défaite
Le parti démocrate a subi un grave revers aux élections législatives du « midterm ». Le président américain a pâti d’une faible participation, dûe notamment à la démobilisation de son électorat. Si son action risque de s’en trouver paralysée, son avenir politique n’est pas pour autant compromis.
dans l’hebdo N° 1126 Acheter ce numéro
Les deux dernières années du mandat de Barack Obama s’annoncent difficiles. Le grave revers subi par les Démocrates aux législatives du « midterm » prive le président américain d’une majorité à la Chambre des représentants et fragilise sa majorité au Sénat, où les Démocrates n’ont que 5 sièges de plus que les Républicains. Comment interpréter cette cuisante défaite ? Sans doute par le fait que le camp républicain s’est remobilisé après la débâcle de la candidature McCain en 2008, alors que l’électorat d’Obama s’est en partie abstenu. Les jeunes et les Noirs, notamment, qui avaient massivement voté pour le candidat démocrate, ont largement boudé les urnes cette fois. Tout comme les femmes, qui, pour certaines d’entre elles, ont inversé leur vote. Pourquoi cette abstention massive ? Alexis Buisson a interrogé des universitaires et des sociologues américains qui tentent de répondre à cette question.
L’intellectuel britannique Tariq Ali nous propose pour sa part une analyse critique de la politique d’Obama. Quelles possibilités s’offrent encore au Président pour faire passer quelques-unes de ses réformes ? Ses premières déclarations conduisent à penser qu’il va rechercher des compromis avec ses adversaires. Son arme sera le droit de veto. Faute de pouvoir imposer ses projets, il pourra au moins bloquer ceux des Républicains. D’où un risque évident de paralysie.
Pour autant, ces élections n’hypothèquent pas les chances d’Obama d’être réélu en 2012. Avant lui, Reagan en 1982, Clinton en 1994, et Bush Jr. en 2002, ont subi des échecs comparables avant de conquérir, deux ans plus tard, un second mandat. Seuls 37% des votants disent d’ailleurs avoir voulu manifester leur opposition au Président. Pour la même proportion d’électeurs (37%), Obama n’avait rien à voir avec l’enjeu. Ce sont donc les personnalités locales qui ont fait la différence. Mais la toile de fond n’en reste pas moins la crise : 62% des électeurs disent s’être déterminés en fonction de la situation économique. Et c’est évidemment sur ce sujet que la politique d’Obama a été défaillante. Pouvait-il en être autrement ?
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