Combat pour les « valeurs »
dans l’hebdo N° 1131 Acheter ce numéro
On s’en doutait un peu – suffit d’observer ce qui se passe autour de nous depuis trois ans –, mais le récemment nommé nouveau big boss de l’UMP, Jean-François Copé, vient d’en apporter publiquement la confirmation : les « valeurs » du Front national sont aussi – le monde est pe(n)tit – les « valeurs » du parti régimaire.
Notant que la Pen disposait dans la population
de « 27 % d’opinions favorables » , Jean-François Copé a en effet lancé en direction de ses truppen : faut « se bouger » le cul très fort, mes Kameraden, parce que là, « quand le Front national monte » , ça veut dire quoi exactement ?
Ça veut dire « que certains Français pensent que nous n’honorons pas certains rendez-vous par rapport aux valeurs » . En clair, nous n’avons pas suffisamment psalmodié que nous étions, nous aussi, pétri(e)s de phobies, et du coup : Raymond risque fort d’aller voter ailleurs, si nous ne lui rappelons pas que nous non plus nous n’aimons pas quand il y a plus d’un Arabo-musulman, et que nous aussi nous ambitionnons de bouter du métè du sans-papiers.
Sérieux, les mecs : ça fait cinq longs jours qu’on n’a plus désigné quelques bougn qu’on n’a plus sorti nos « valeurs » , et qu’est-ce qui s’est passé ?
La Pen s’est aussitôt gavée d’opinions favorables. Donc : « Il faut se remettre sur ce chantier à fond » , a préconisé Copé. Faut qu’on s’attelle à mieux flatter notre public dans le sens de ses phobies les plus dégueulasses, comme par exemple nous fîmes l’autre jour avec « l’interdiction du voile intégral » [^2].
Pour bien faire, a même trouvé Copé (dont l’intelligence impressionne), faudrait tainsi (et taussi) relancer le débat sur « l’identité nationale » : maintenant qu’on sait qu’il part très vite en chasse aux muslims, convenez compagnon(ne)s qu’on serait con(ne)s de pas s’y engouffrer – si ça peut ramener vers nous le votat pénien ?
(Il est comme ça, Copé : son truc, pour soigner une infection, serait de la refiler à tout le monde en criant c’est moi que j’ai le plus gros virus.)
La presse dominante, naturellement, a jeté un voile pudique sur cette confirmation que la Pen et le parti du chef de l’État ont des « valeurs » communes. Le Monde , par exemple, a préféré titrer, sans plus de précisions : « Pour mobiliser l’UMP, M. Copé invoque la menace du FN » , et, dit comme ça, évidemment : ça donne l’impression que le gars est sur le point de prendre le maquis.
Mais il est vrai aussi que, dès lors que t’as fait semblant, depuis 2007, de pas sentir ce qui montait du sarkozysme – nonobstant que l’odeur devenait franchement incommodante –, t’es un peu emmerdé(e), un peu gêné aux éditournures, quand se confirme qu’il sent pour de bon l’extrême droite…
[^2]: Qui relevait donc bien d’une pénisation des valeurs UMPiques, et merci, Jean-Luc Mélenchon, de nous avoir soutenu(e)s dans cette revalorisation.
Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.