Côte-d’Ivoire : climat d’extrême tension
Alors que les premiers résultats donnaient l’avantage au leader de l’opposition, Alassane Ouattara, le pays retenait son souffle.
dans l’hebdo N° 1129 Acheter ce numéro
Deux jours après le second tour de l’élection présidentielle en Côte-d’Ivoire, la question était simple : le vaincu, quel qu’il soit, allait-il admettre sa défaite ? La question se posait avec d’autant plus d’acuité que les premiers résultats communiqués donnaient l’avantage au leader de l’opposition, Alassane Ouattara. Or, pour tous les observateurs, la défaite serait encore plus difficile à accepter du côté des partisans du Président sortant, Laurent Gbagbo. Mais les résultats parvenus lundi soir ne concernaient qu’une partie de la diaspora ivoirienne.
Principal élément positif, la forte participation. Après un taux record de 83 % au premier tour, les Ivoiriens étaient encore 70 % à s’être déplacés dimanche.
Mais, six fois repoussée, l’élection s’est déroulée dans un climat d’extrême tension. Le jour du vote, trois personnes ont été tuées dans des violences survenues dans l’ouest du pays. Au total, ce sont sept personnes qui ont péri au cours de la campagne. « Le pire semble devant nous » , redoutaient lundi des responsables religieux, chrétiens et musulmans, qui appelaient les Ivoiriens à accepter le verdict des urnes. Les deux camps avaient contesté, dimanche soir, les conditions du scrutin. Les partisans de M. Ouattara affirmant avoir été empêchés de voter à Abidjan, la capitale, tandis que le porte-parole de Laurent Gbagbo dénonçait le manque de transparence de l’élection dans le nord du pays dominé par le parti de l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN).
Le Nord, à majorité musulmane, avait été le foyer de la guerre civile, entre 2002 et 2007. Originaire de cette région, M. Ouattara avait été plusieurs fois évincé de la présidentielle au nom du principe xénophobe d’ivoirité instrumentalisé notamment par Laurent Gbagbo. Le leader de l’opposition est un économiste libéral qui fut directeur adjoint du FMI. Il a plutôt le soutien de la droite française. Laurent Gbagbo, lui, compte encore des amis, en France, dans les rangs du Parti socialiste. Mais la plupart des dirigeants du PS ont pris leurs distances avec un homme devenu peu fréquentable après l’assassinat de nombreux partisans d’Alassane Ouattara pendant la guerre civile, et l’exacerbation des questions ethniques. On comprend dans ces conditions que le risque d’un retour de ce passé sanglant plane sur l’élection de dimanche.
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