Des kalach’ pour les caïds ?
dans l’hebdo N° 1129 Acheter ce numéro
Marseille, 19 novembre, un adolescent est tué dans une fusillade. « Par une rafale de fusil d’assaut » , d’après l’Express . C’est le troisième règlement de comptes de ce type en huit jours. Le braquage d’Uriage-les-Bains, le 16 juillet, c’était au fusil d’assaut et au pistolet-mitrailleur. Le 12 mars, à Lyon, trois braqueurs auraient fait feu sur la police avec des kalachnikovs. Le 26 septembre 2009, un jeune homme s’était fait descendre à Saint-Ouen. Un mois avant, c’était une policière à Villiers-sur-Marne…
Depuis la fin de la guerre des Balkans, la « kalach’ » serait devenue l’arme de prédilection des caïds, pour protéger leurs affaires et leurs territoires, entend-on répéter. D’où viennent ces armes (fabricants, artisans…) ? Combien coûtent-elles (1 500 euros un pistolet-mitrailleur, 2 500 euros une kalachnikov…) ? Chacun y va de son estimation sans que l’on sache si la prolifération dans les cités relève du fantasme ou de la réalité. « Fantasme , tranche Bruno Le Roux, député (PS) de Seine-Saint-Denis et président d’une mission d’information sur les armes à feu créée par la commission des Lois de l’Assemblée nationale le 28 octobre 2009. Il y a toujours eu des armes dans les cités, notamment issues de cambriolages. La différence aujourd’hui, c’est que ce sont des armes de guerre et qu’il est facile de s’en procurer pour quelques centaines d’euros, du fait d’une sorte de mutualisation. »
Provenance : les Balkans, d’après des saisies dont peut témoigner, par exemple, le procureur Éric de Montgolfier à Nice. Mais aucune étude nationale pour le certifier, ni du côté de la police ni auprès des laboratoires de recherche. « L’Office central de répression des trafics d’armes a été démantelé quand Nicolas Sarkozy était ministre de l’Intérieur et anéanti par la Révision générale des politiques publiques » , déplore Bruno Le Roux. La mission que préside le député a consulté largement, mais son enjeu n’était pas spécifiquement les trafics. Cela dit, la proposition de loi née de son rapport entend notamment instaurer des outils de contrôle et de traçabilité via la création d’un fichier national des armes à feu, qui seraient au nombre de 7 à 20 millions en France. Surtout, elle devrait permettre d’ouvrir courant décembre un débat sur le sujet à l’Assemblée, le premier depuis 1939.
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