« Des rencontres et des liens »

Lyon prépare sa nouvelle Fête des lumières pour le 8 décembre. Les explications de Najat Vallaud-Belkacem, adjointe déléguée à la vie associative.

Jean-Claude Renard  • 2 décembre 2010
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Politis : Comment la Fête des Lumières s’inscrit-elle dans le paysage urbain lyonnais ?

Najat Vallaud-Belkacem : C’est une fête profondément ancrée dans l’histoire lyonnaise, qui, selon les légendes, trouve ses racines au XVIe siècle, fut religieuse et est maintenant laïque. C’est une fête populaire durant laquelle les bâtiments, les jardins ou les places sont investis par des artistes, avec la volonté de couvrir l’ensemble du territoire, pas seulement le centre-ville. Si celui-ci accueille de grands projets, répondant à des appels d’offres, on travaille dans les arrondissements en relation étroite avec les associations, les habitants, les structures de proximité, de sorte à insuffler des projets dans un esprit participatif. L’idée est que les habitants mettent absolument leur touche à la fête.

Comment s’organise la manifestation ?

Quatre-vingts projets sont gérés sur l’année, subventionnés, incluant ­quatre résidences d’artistes installées dans des quartiers prioritaires. Ce sont des équipes artistiques qui travaillent sur le terrain durant l’automne pour réaliser des œuvres en partenariat avec la population. Chaque projet a pour vocation de transformer, de sublimer les éléments architecturaux d’un site. C’est un jeu avec la lumière qui peut également être pluridisciplinaire. On exige des artistes qu’ils confrontent leur art à la population, de sorte que l’œuvre devienne collective. Au-delà de la durée de la fête, il existe ainsi des moments de « restitution », où la population se retrouve et où s’échangent les points de vue sur l’œuvre.

Quel est le rôle des résidences ?

À titre d’exemple, un projet de l’édition 2009 a vu le jour sur la place Ballanche, dans le IIIe arrondissement, avec un travail articulé autour des hommes debout à travers des statuettes rétroéclairées sur une place très fréquentée dans l’année. L’œuvre avait nécessité un travail en amont pour rencontrer les gens, enregistrer leur voix. Des enregistrements qui ont été ensuite placés à l’intérieur des mannequins. Quand on s’approchait d’eux, on les entendait raconter l’histoire et le quotidien des habitants. C’est en cela que l’œuvre est collective, dans la mesure où l’on retrouve le vécu des habitants. Dans le Ve arrondissement, au quartier des Genêts, une résidence intitulée « Échappée des fenêtres » a donné lieu à un travail complice avec les habitants, photographiés à contre-jour derrière leur fenêtre, comme une silhouette, avant que l’image ne soit projetée en couleur sur leurs propres bâtiments. Cette édition 2010 suit le même modèle d’implications. Il s’agit de créer des rencontres et des liens.

Existe-t-il un in et un off ?

En effet ; dans le cadre du off, ce sont là des laboratoires, pour beaucoup animés par des étudiants des Beaux-Arts ou de l’École d’architecture, voire d’autres écoles de domaines différents. Ce sont des projets plus modestes mais très innovants, qui motivent et attirent beaucoup de monde. Si bien que ces projets servent de traits d’union aux quartiers avec la manifestation in.

Cette Fête des lumières n’est-elle pas à rebours d’une consommation d’énergie raisonnée ?

Justement, la ville s’est engagée à faire de l’événement une manifestation économe en énergie. Parce que l’on peut animer une ville durant quatre nuits avec des énergies à faible consommation, au moyen des LED, des projecteurs à diodes, des ballasts électroniques à gradateurs, des lampadaires à flux dirigés vers le bas. En quatre jours, avec 3 à 4 millions de visiteurs, le montant de la facture s’élève à 3 300 euros, ce qui correspond à 0,1 % de la consommation annuelle liée à l’éclairage public de la ville de Lyon.

Société
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