La chasse aux mécènes est ouverte
Via leurs fondations, de plus en plus d’universités collectent des fonds auprès des entreprises pour compenser le désengagement de l’État. De quoi relativiser leur supposée « autonomie ».
dans l’hebdo N° 1130 Acheter ce numéro
Tandis que le Medef passe par la grande porte, les entreprises entrent par les fenêtres. Trois ans après le vote de la loi LRU incitant les universités à créer leurs propres fondations – pour compenser le désengagement de l’État –, elles sont aujourd’hui 32 facs à faire la chasse aux entreprises mécènes. Certaines fondations ont pour mission de collecter des financements alloués à des projets précis. Comme celle de Montpellier-III, dédiée à la recherche en égyptologie. Mais la plupart des universités utilisent les fonds récoltés pour des actions beaucoup plus floues : « rayonnement de l’université à l’international » , « contribution à l’enseignement » , « soutien à l’excellence » … Profitant de cet appel d’air, les entreprises tissent peu à peu leur toile sur l’enseignement supérieur public.
À grands coups de dons (défiscalisés) atteignant parfois des millions d’euros, les mêmes mécènes financent les mêmes universités. Parmi les plus « prodigues », les labos pharmaceutiques comme Sanofi Aventis : en plus d’être membre fondateur de la fondation de l’université d’Auvergne – il y met au point une formation destinée « à attirer les étudiants en médecine vers l’industrie pharmaceutique » (sic) –, le groupe est également présent au sein de la fondation de l’université de Bordeaux – son PDG en est le vice-président – ou de la fondation Lyon-I. Pour le secteur bancaire, Exane, filiale de la BNP-Paribas spécialisée dans le courtage financier, donne à l’École d’économie de Toulouse, mais aussi à la fondation de l’université de Strasbourg, et siège au conseil d’administration de la fondation de Paris-Dauphine. Cette dernière compte par ailleurs dans ses grands mécènes Bolloré, Bouygues et Lagardère. De quelle autonomie parle-t-on ?