La chasse aux mécènes est ouverte

Via leurs fondations, de plus en plus d’universités collectent des fonds auprès des entreprises pour compenser le désengagement de l’État. De quoi relativiser leur supposée « autonomie ».

Eva Delattre  • 9 décembre 2010 abonné·es

Tandis que le Medef passe par la grande porte, les entreprises entrent par les fenêtres. Trois ans après le vote de la loi LRU incitant les universités à créer leurs propres fondations – pour compenser le désengagement de l’État –, elles sont aujourd’hui 32 facs à faire la chasse aux entreprises mécènes. Certaines fondations ont pour mission de collecter des financements alloués à des projets précis. Comme celle de Montpellier-III, dédiée à la recherche en égyptologie. Mais la plupart des universités utilisent les fonds récoltés pour des actions beaucoup plus floues : « rayonnement de l’université à l’international » , « contribution à l’enseignement » , « soutien à l’excellence » … Profitant de cet appel d’air, les entreprises tissent peu à peu leur toile sur l’enseignement supérieur public.

À grands coups de dons (défiscalisés) atteignant parfois des millions d’euros, les mêmes mécènes financent les mêmes universités. Parmi les plus « prodigues », les labos pharmaceutiques comme Sanofi Aventis : en plus d’être membre fondateur de la fondation de l’université d’Auvergne – il y met au point une formation destinée « à attirer les étudiants en médecine vers l’industrie pharmaceutique » (sic) –, le groupe est également présent au sein de la fondation de l’université de Bordeaux – son PDG en est le vice-président – ou de la fondation Lyon-I. Pour le secteur bancaire, Exane, filiale de la BNP-Paribas spécialisée dans le courtage financier, donne à l’École d’économie de Toulouse, mais aussi à la fondation de l’université de Strasbourg, et siège au conseil d’administration de la fondation de Paris-Dauphine. Cette dernière compte par ailleurs dans ses grands mécènes Bolloré, Bouygues et Lagardère. De quelle autonomie parle-t-on ?

Société
Temps de lecture : 1 minute

Pour aller plus loin…

Les personnes LGBT+, premières victimes de violences sexuelles
Étude 21 novembre 2024 abonné·es

Les personnes LGBT+, premières victimes de violences sexuelles

Une enquête de l’Inserm montre que de plus en plus de personnes s’éloignent de la norme hétérosexuelle, mais que les personnes LGBT+ sont surexposées aux violences sexuelles et que la transidentité est mal acceptée socialement.
Par Thomas Lefèvre
La santé, c’est (avant tout) celle des hommes !
Santé 21 novembre 2024 abonné·es

La santé, c’est (avant tout) celle des hommes !

Les stéréotypes sexistes, encore profondément ancrés dans la recherche et la pratique médicales, entraînent de mauvaises prises en charge et des retards de diagnostic. Les spécificités féminines sont trop souvent ignorées dans les essais cliniques, et les symptômes douloureux banalisés.
Par Thomas Lefèvre
La Confédération paysanne, au four et au moulin
Syndicat 19 novembre 2024 abonné·es

La Confédération paysanne, au four et au moulin

L’appel à la mobilisation nationale du 18 novembre lancé par la FNSEA contre le traité UE/Mercosur laisse l’impression d’une unité syndicale, qui n’est que de façade. La Confédération paysanne tente de tirer son épingle du jeu, par ses positionnements et ses actions.
Par Vanina Delmas
À Toulouse, une véritable « chasse à la pute »
Prostitution 18 novembre 2024 abonné·es

À Toulouse, une véritable « chasse à la pute »

Dans la Ville rose, les arrêtés municipaux anti-prostitution ont renforcé la précarité des travailleuses du sexe, qui subissent déjà la crise économique. Elles racontent leur quotidien, soumis à la traque des policiers et aux amendes à répétition.
Par Pauline Migevant