Le scandale des ventes d’armes
L’affaire de Karachi, derrière le scandale politique, a remis en lumière la question des ventes d’armes. Un commerce où la France occupe le quatrième rang dans le monde, et qui bafoue toute notion d’éthique. Rares sont les parlementaires à tenter d’user de leur influence pour changer le cours des choses.
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L’affaire de Karachi, dont on parle beaucoup en ce moment, met une nouvelle fois en lumière ce commerce des armes dont les protagonistes recherchent plutôt l’ombre et le secret. Elle nous édifie sur l’un des attraits que peuvent y trouver les politiques : l’économie souterraine des fameuses rétrocommissions. Par le jeu de commissions surévaluées, on rend possible un retour à l’envoyeur. À cette différence près que la commission est de l’argent public, alors que la part qui revient sous forme de rétrocommission finance des intérêts privés. Ce passage du public au privé est d’ailleurs l’essence même de ce commerce, comme l’expose dans ce dossier Patrice Bouveret. Ce n’est pas tant le pays qui s’enrichit que les marchands d’armes comme Dassault ou Lagardère, pour ne citer que les plus importants. Mais, au-delà de cet aspect déjà scandaleux, il faut surtout dire que les ventes d’armes – nous parlons ici des armes lourdes vendues à des États – constituent un scandale en soi. Car les volets économiques ne doivent jamais nous faire oublier cette évidence : c’est la guerre et la mort que l’on vend.
Et la France, 4e au monde sur ce funeste marché, ne se prive pas de vendre à des pays en guerre, ou en état de belligérance (la France vend des armes à la fois à l’Inde et au Pakistan…). Ne l’oublions jamais : ces armes sont évidemment faites pour servir. Contredisant son discours diplomatique, la France ne se prive pas de souffler sur les braises au Proche et au Moyen-Orient, ni d’armer des régimes africains qui vont doublement profiter de l’aubaine par la corruption et par la répression des oppositions. Il y a certes Karachi, l’obscur dossier des frégates de Taïwan (voir l’article de Sébastien Fontenelle), comme il y a eu l’Angola Gate… et bien d’autres scandales. Mais le vrai scandale, il faut le rappeler, c’est le principe même des ventes d’armes.
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