Les femmes de la tribu

« Femmes de ma tribu, foutez-moi la paix ! » , crie la jeune fille. Mais la mère, la grand-mère et l’arrière-grand-mère ne laissent pas en paix la descendante, qui, dans sa tête enfiévrée, affronte un débat tumultueux avec trois femmes de générations différentes. En tant d’années, la société a explosé. La jeune fille fragile, aux mœurs libres, découvre ce qui l’a fondée mais défend son indépendance face à ces fortes personnalités et à ces mondes d’antan qui la frappent au plexus.

La pièce du grand auteur québécois Michel Garneau, Quatre à quatre, date des années 1970 et reste d’une redoutable actualité puisqu’elle ­saisit l’univers classique du Québec conformiste miné par l’évolution individualiste de la jeunesse occidentale et l’éclatement de certains ­tabous. Mais il est assez surprenant de voir cette œuvre transposée dans un contexte de métissage des cultures. À la tête du Studio-Théâtre de Stains, Marjorie Nakache monte et joue le texte avec des actrices de différentes origines, à l’intention d’un public très varié, qui peut comprendre des enfants des cités (comme on dit) et des femmes voilées.

Dans la salle, on sent l’impact et le trouble que peut provoquer la langue de Garneau, poétique et crue. Surtout, le spectacle est dirigé avec une belle rigueur et porté par quatre comédiennes très intenses, Nabiha Akkari, Agnès Debord, Nicole Dogue et Marjorie Nakache ; charnel et nécessaire !