Parutions
dans l’hebdo N° 1132-1133 Acheter ce numéro
Israël-Palestine, les enjeux d’un conflit
_ CNRS éditions, 304 p., 22 euros.
Les éditions du CNRS viennent de publier, dans la collection « Société et politique », un ouvrage collectif consacré aux enjeux du conflit Israël-Palestine. Il fait suite à un colloque organisé à Paris, les 6 et 7 avril 2009. Cette somme construite sous la direction d’Esther Benbassa, directrice d’études à l’École pratique des hautes études, et spécialiste éminente du judaïsme français, aborde des aspects souvent oubliés du conflit. Il propose d’abord plusieurs regards de journalistes et de chercheurs, mais il analyse aussi l’évolution de l’engagement politique dans les Territoires palestiniens, la difficulté de saisir le conflit comme objet de savoir, et les différentes représentations des origines de l’antagonisme. Il traite des conséquences du conflit au sein des institutions juives agitées par le spectre d’une islamisation de la cause palestinienne. Autant d’angles originaux et de thèmes abordés de façon dynamique.
Regards croisés sur le Proche-Orient
_ dirigé par Michel Derczansky, éditions Yago, « Perspectives », 312 p., 20 euros.
Voici le frère jumeau de l’ouvrage précédent. Hélas, on a cédé ici à la maladie des fausses symétries. En témoigne la présence de Frédéric Encel, spécialiste de l’enfumage. Celui-ci nous révèle qu’aucun groupe « n’est par nature innocent ou coupable, puissant ou faible, bon ou mauvais » . Non sans humour, Encel a titré son article « Au-delà des lieux communs », avant de s’attribuer une « honnêteté intellectuelle qui, écrit-il, n’est plus à démontrer » . On préfère l’engagement franc de Maïr Waintrater, directeur de la rédaction de l’Arche. Mais, plutôt que d’imputer la critique d’Israël à des fantasmes « judéophobes » , comme le fait, hélas, Pierre Nora, mieux vaut s’en tenir à cette vérité simple énoncée par Élie Barnavi, cité par le politologue Jérôme Sainte-Marie (passionnant article !) :
« Le degré de sympathie ou d’antipathie que l’État des juifs encourt dépend dans une large mesure de sa propre politique. »
Mythologies
_ Roland Barthes, édition illustrée établie par Jacqueline Guittard, Seuil, 256 p., 39 euros.
Certains avaient sans doute oublié le caractère subversif des fameuses Mythologies de Roland Barthes. Ouvrage paru en 1957, à propos duquel le sémiologue structuraliste écrivait : « Le propre des Mythologies, c’est de prendre systématiquement en bloc une sorte de monstre que j’ai appelé la “petite-bourgeoisie” (quitte à en faire un mythe) et de taper inlassablement sur ce bloc. » Ce texte, qui a rencontré depuis cinquante ans d’innombrables lecteurs, vient aujourd’hui de faire l’objet d’une magnifique édition illustrée, en grand format, établie par Jacqueline Guittard, spécialiste de littérature et de photographie, maître de conférences à l’université d’Amiens, à partir de photographies, de publicités (ou plutôt de « réclames », comme l’on disait alors) et de coupures de presse de l’époque. Celle de l’avènement de la société des loisirs et de la consommation de masse, alors naissante, à la veille de l’arrivée de la télévision dans la plupart des foyers français. Et pourtant les Mythologies que Barthes a dégagées de cette fin des années 1950 apparaissent toujours étonnamment actuelles. Un volume, selon Jacqueline Guittard, qui « entend donner à voir l’univers visuel de Barthes, le texte caché en quelque sorte » .