Patine et panache
Chris Wilson invite ses anciens complices des Flamin’ Groovies sur son nouvel album, « Love over money ».
dans l’hebdo N° 1129 Acheter ce numéro
Le nom de Chris Wilson restera définitivement lié à celui des Flamin’ Groovies, groupe mythique depuis longtemps disparu comme le genre de rock qu’il s’est employé à magnifiquement célébrer. Cet album, dont l’existence doit beaucoup au support actif du jeune label français Rock Paradise, n’affiche d’ailleurs pas moins de quatre anciens membres du groupe : Roy Loney, Mike Wilhelm, James Ferrell et George Alexander. Manque évidemment Cyril Jordan, frère d’armes de Wilson durant les années 1970. Les deux hommes sont fâchés, comme des Jagger/Richards qui auraient réussi à se séparer – mais l’enjeu, en termes de dollars, n’était certes pas le même.
De quoi faire saliver, donc, jusqu’à ce qu’on y regarde de plus près pour s’apercevoir que chaque musicien est présent sur un seul morceau, deux au maximum (George Alexander), et croise rarement un de ses anciens camarades. Exception notable : Ferrell et Loney, l’un à la guitare et l’autre au chant, sur le très réussi « Gamblin’ Man », du pur rock’n’roll, genre dont le dernier cité a toujours été un fervent adepte.
Aucun n’a non plus participé à l’écriture des compositions. Comme pour l’album précédent, c’est Anthony Clark qui se taille la part du lion. Chris Wilson en cosigne seulement quatre. Et nous touchons là aux limites de sa production actuelle. Wilson aurait sans doute moins besoin de l’aide, certes sympathique, de ses anciens camarades que d’un partenaire avec lequel il pourrait écrire à nouveau des chansons mémorables. Plus étrange est l’absence de reprise, une des marques de fabrique des Flamin’ Groovies et un exercice dans lequel Chris Wilson excelle toujours : la version fulgurante du « Visions of Johanna » de Dylan, sur son disque précédent, est là pour le prouver.
Reste un paquet de chansons dans une tonalité rappelant l’éclat des Flamin’ Groovies, mais patiné par le temps. Difficile, évidemment, de chanter les émois adolescents à plus de cinquante ans… Outre « Gamblin’ Man » déjà cité, « Way Too Fast », effectivement mené pied au plancher avec Robin Wills (Barracudas) en copilote, « Fading Away » et son intro fleuve à l’orgue signée Matthew Fisher (ex-Procol Harum), ou le titre qui donne son nom à l’album et résume assez bien la philosophie de son auteur. Le plus émouvant a été gardé pour la fin : « Set Free », qui figurait sur l’album précédent, enregistré en public et sous une forme dépouillée : deux guitares et la voix de Chris Wilson. Cette voix qui garde tout du long sensibilité et panache.
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